Bords de route, bandes enherbées, carrés de pelouse : laissons-les fleurir !

Orchis mâle © B. Perreuil

On les appelle ici bandes fleuries, là jachères, parfois bandes enherbées ou encore bords de route et de chemin, pelouses ou prairies naturelles, pieds de haie ou talus, inter-rangs ou tournières. Leur point commun : être « enherbées » et parfois fleuries !

Ces espaces sont partout et nulle part. Alors que l’homme s’évertue à verdir ses actions, à réfléchir à son impact sur la planète et la biodiversité, se pourrait-il que les actions les plus simples lui échappent ‽

Trop souvent ces espaces sont négligés, considérés comme des sources de nuisances, l’homme s’évertue alors à les tondre et retondre, pour faire place nette, bien au-delà du simple souci de fonctionnalité, par habitude ou par souci d’une parfaite maîtrise d’une nature sauvage, sans doute par peur aussi de se faire déborder.

Pourtant ces espaces enherbés sont de vrais trésors de vie pour qui sait y regarder.

Qu’elle soit en ville ou à la campagne, au milieu des champs ou au bord d’une route, à proximité d’un cours d’eau, voire d’une forêt, sur un rond-point ou au pied d’un immeuble, toute surface enherbée peut se transformer en un jardin d’Eden, pour les centaines d’espèces de plantes et milliers d’insectes qui s’y développeront ! Ces espaces abritent jusqu’à 50 % de la flore de nos régions.

Un seul mot d’ordre : ne broyez pas l’herbe entre le 15 avril et l’été !

Alors vous verrez la magie opérer, sans un effort, le paysage se transformer, des plantes que vous n’aviez encore jamais remarquées fleurir et vous étonner par leurs couleurs, leurs formes et leurs parfums.

Coquelicots, centaurées, plantains, pissenlits, lin, bleuets, trèfle violet ou compagnons blancs… Souvent, des orchidées réapparaîtront, pour peu que ces espaces ne soient pas fertilisés. Vous admirerez alors les plus précieuses et délicates de nos orchidées sauvages (Ophrys abeille, Orchis mâle, Orchis morio, Orchis bouc, Orchis pourpre, Platanthère verdâtre…).

Devant ce foisonnement de couleurs, rapidement les papillons de jour, les abeilles sauvages et tous les autres insectes floricoles, reviendront dans vos jardins, dans vos villes, dans vos campagnes. Ils se nourriront de ce réseau d’espaces fleuris et préservés.

Ils y trouveront le nectar pour s’abreuver, les cachettes pour y dormir et y pondre leurs œufs, les hirondelles chasseront bientôt le long de ces jardins pour y nourrir leurs poussins. Les papillons de nuit et les chauves-souris se relaieront la nuit pour profiter de ces oasis de biodiversité !

Que vous soyez particulier, collectivité, agriculteur… nous vous appelons à la trêve printanière pour préserver des oasis de biodiversité.

Rédigé par Erwan Guillou