Chasse à la tourterelle des bois : la France tente de pigeonner l’Europe

À peine arrivée, Barbara Pompili va-t-elle ouvrir le feu sur la tourterelle des bois, espèce en voie d’extinction, malgré l’injonction de la Commission européenne d’y mettre fin ‽

Tourterelle des bois – Grégoire Duffez

Le Ministère de la Transition écologique s’apprête à laisser tuer 17 460 Tourterelles des bois dès la rentrée de septembre. Alors qu’une infraction a été relevée par la Commission européenne contre la France qui laisse chasser cette espèce en danger, et que le candidat Emmanuel Macron s’était engagé à stopper la chasse des espèces en mauvais état de conservation.

La LPO invite ses sympathisants à participer à la consultation publique ouverte jusqu’au 12 août afin de s’opposer à ce projet d’arrêté incompréhensible. 

Inscrite sur la liste rouge de l’UICN, la Tourterelle des bois est menacée d’extinction au niveau mondial. Ses effectifs en Europe sont en chute libre (−80 % depuis 1980). Ce déclin apparaît comme particulièrement prononcé sur la voie de migration occidentale dont fait partie la France. Des pays comme le Royaume-Uni pleurent déjà sa disparition. Et ce ne sont pas les milieux favorables qui manquent.

Le 2 juillet dernier, la Commission européenne a pourtant adressé un avis motivé à la France afin qu’elle prenne des mesures urgentes contre la chasse des espèces en mauvais état de conservation et en premier lieu la Tourterelle des bois.

L’an dernier, consulté par le Ministère en charge de la Transition écologique, un comité d’experts scientifiques a conclu à la nécessité de stopper au moins provisoirement la chasse de cette espèce afin de maximiser les chances d’une stabilisation des effectifs à court terme. L’État a quand même cédé au lobby cynégétique et accordé un quota de 18 000 oiseaux, jurant que les « prélèvements » seraient encadrés, rapportés et analysés. Las, les chasseurs n’ont pas déclaré toutes leurs prises et personne n’est en mesure de dire si ce quota a été respecté ou non faute de contrôles suffisants. Le recours de la LPO contre cet arrêté ministériel du 30 août 2019 n’a toujours pas été examiné sur le fond. Le chiffre de 17 460 proposé cette année à la place de 18 000 prend simplement en considération une baisse de population estimée à 3 % par an.

Pour Allain Bougrain-Dubourg : « Le Premier ministre Jean Castex a annoncé la main sur le cœur une prise en compte des enjeux écologiques par le nouveau gouvernement. Le voici devant l’épreuve du feu. Les Français sauront vite à quoi s’en tenir ».