De nouvelles dégradations de gîtes majeurs à chauves-souris

Communiqué de presse – Angers, le 1er juillet 2021
Dégradation de l’entrée de la cavité (vue de l’extérieure)

Les chauves-souris représentent plus d’un tiers des espèces de mammifères sauvages de la région des Pays de la Loire et forment un maillon essentiel de la diversité du vivant. Totalement insectivores, leur rôle dans l’équilibre des écosystèmes n’est plus à démontrer. Espèces menacées mais souffrant d’un déficit d’image, elles sont relativement mal connues du grand public, ce qui ne facilite pas leur préservation.

La LPO Anjou, association membre du Groupe Chiroptères des Pays de la Loire, s’investit pour la cause des chauves-souris depuis de nombreuses années. Elle agit ainsi aux côtés de la puissance publique pour mieux conserver ce patrimoine en danger. Par exemple, l’association est mandatée par l’État et l’Europe pour préserver durablement les gîtes à forts enjeux et leur fonctionnement. Elle conduit ainsi la politique «  Natura 2000  », appuyée localement par de nombreuses collectivités.

La protection des chauves-souris, un enjeu majeur en Anjou

Chaque été, les chauves-souris femelles se regroupent en colonies pour mettre bas et élever leur unique jeune de l’année. C’est une période particulièrement sensible pour ces espèces car les juvéniles apprennent à voler puis à chasser tardivement, et sont ainsi entièrement dépendants de leurs mères pour les alimenter. Certaines espèces sont dites «  anthropophiles  » et préfèrent s’installer dans les combles ou greniers d’habitations, d’autres sont «  troglophiles  » (cavités souterraines ou grottes), ou encore «  arboricoles  » (fentes et cavités d’arbres). La plupart des espèces sont particulièrement fidèles à leur gîte de mise-bas et y retournent ainsi chaque année.

Plusieurs réseaux souterrains de Maine-et-Loire sont suivis chaque année afin d’évaluer l’état des populations à l’échelle du département. En effet, la plupart des anciennes carrières accueillent de nombreuses espèces lors de l’hibernation, étape importante de leur cycle de vie (de novembre à avril).  Compte tenu de la sensibilité des chauves-souris et de leur statut de rareté, certaines cavités sont inscrites dans le réseau «  Natura 2000  », un périmètre géographique défini par la présence d’espèces ou d’habitats inscrits sur des directives européennes http://www.natura2000.fr. Cette politique a pour objectif de préserver et maintenir ces habitats ou espèces dans un bon état de conservation. Elle permet de protéger les sites présentant des enjeux forts de conservation, notamment les sites d’hibernation et de mise-bas des chiroptères, en finançant des actions telles que la pose de grilles anti-intrusions aux entrées de cavités afin de veiller à la quiétude de ces gîtes.

Cette protection peut être renforcée par la mise en place de protection réglementaire que sont les arrêtés préfectoraux de protection de biotope (APPB), qui interdisent ou encadrent de manière stricte certaines activités susceptibles de porter atteinte à l’équilibre biologique des milieux ou à la survie des espèces protégées y vivant. 

Le dérangement, une pression supplémentaire en période sensible

La LPO Anjou procède à une tournée des sites majeurs durant l’été pour comptabiliser les individus et espèces présentes. Et ce sont plusieurs constats malheureux qui ont été observés cette dernière semaine de juin  : plusieurs effractions dans des cavités protégées ont eu lieu, dont la fracturation de l’entrée de l’un des sites d’importance nationale du département. Ce site regroupe plus de 3  000 individus durant l’hiver, avec notamment deux espèces à fort enjeu  : le Grand Rhinolophe et le Murin à oreilles échancrées. Une importante colonie de mise-bas de Grand Rhinolophe est également présente à proximité.


Grands Rhinolophes et Murins à oreilles échancrées

Une partie de l’alimentation électrique permettant de faire fonctionner un dispositif de suivi des chauves-souris a été endommagée et dérobée, et un autre site protégé a montré des traces de passage récentes. Ce type d’événements, relativement fréquent, est la démonstration d’une méconnaissance de la réglementation ou d’un sentiment d’impunité vis-à-vis de cette dernière. En complément, des cas de mortalité de juvéniles ont été relevés dans plusieurs secteurs, sans qu’une cause précise ait pu être établie. La LPO Anjou déplore bien évidemment ces actions, qui portent atteinte à la tranquillité de ces espèces fragiles. En effet, en été, le dérangement d’une colonie de mise-bas peut causer son départ du lieu, la mort des individus causée par le stress ou la mort des jeunes par abandon par les mères. Pour ces espèces au taux de reproduction très bas, de tels actes peuvent avoir des conséquences dramatiques. De plus, ces colonies sont parfois concentrées sur quelques sites seulement  : l’impact sur l’une d’entre elles peut ainsi se répercuter sensiblement à l’échelle de la population régionale.

Une plainte en gendarmerie va être déposée par la LPO France afin de signaler le vol de matériel et la dégradation de la grille d’entrée, et permettre aux services de police d’être avertis si ce type d’événements se reproduit ailleurs.

Dégradation de l’entrée de la cavité (vue de l’intérieure)

Pour rappel, l’ensemble des espèces de chiroptères et leurs habitats sont protégées par l’arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des mammifères terrestres protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000649682/. Il est ainsi interdit de leur nuire ou de dégrader leurs sites de reproduction, d’hibernation ou de repos. Pour en savoir plus sur ces animaux étonnants, n’hésitez pas à participer aux animations «  Nuit de la chauve-souris  » organisées un peu partout dans le département  ! https://www.nuitdelachauvesouris.com

À la recherche de nouvelles colonies

Si la LPO Anjou a connaissance des sites majeurs de mise-bas dans certains secteurs, de nombreux gîtes estivaux restent à découvrir  : elle appelle donc tout habitant ayant des groupes de chauves-souris gîtant chez lui à nous communiquer leur existence  ! Ce recensement permettra d’améliorer les connaissances sur la zone concernée et d’apporter le soutien nécessaire à ces espèces menacées essentielles pour nos écosystèmes.

Coordonnées : LPO Anjou – anjou.chiro@lpo.fr

Plus d’informations : https://chiro49-n2000.frama.site