Réponse aux lecteurs sur la prédation du chat domestique

20 Août 2019 | Actualité, Mobilisation

Chat domestique – LPO France

Angers, le 20 août 2019

Le lundi 29 juillet, la LPO Anjou a été contactée par la rédaction du Courrier de l’Ouest pour faire un article sur la prédation des chats. Forte de son expérience et de ses connaissances, la LPO Anjou a bien sûr accepté. Le jour même Emmanuel Blumstein, journaliste, est venu au local rencontrer Théophile Tusseau, volontaire en service civique en médiation pour la faune sauvage dans notre structure.

Le dimanche 4 août, le dossier est paru dans l’édition départementale du Courrier de l’Ouest et quelques heures avant sur les réseaux. Dans cet article, la LPO Anjou précise bien qu’elle n’est pas anti-chat, il montre les solutions simples et efficaces pour faciliter la cohabitation du chat et de la faune sauvage et présente les chiffres d’une enquête américaine, aux États-Unis.

Nous nous attendions à recevoir de nombreux retours sur ce sujet sensible. Beaucoup de lecteurs ont réagi pour soutenir notre démarche, avoir plus d’infos sur le sujet et chercher à aménager leur jardin. Néanmoins, nous avons aussi observé des retours négatifs, de la part de nombreuses personnes, surtout sur les réseaux sociaux mais aussi par téléphone et directement à la rédaction du Courrier de l’Ouest via le courrier des lecteurs. En effet, sur les réseaux sociaux, des dizaines de commentaires ont dénigré le travail de la LPO, aussi bien sur la prédation des chats, que sur d’autres sujets. Nous avons reçu aussi quelques appels de la part de lecteurs qui ne comprenaient « cette prise de position ». Nous avons pour habitude de laisser les gens s’exprimer sur notre travail. Chacun est libre d’avoir son point de vue, et s’il est argumenté, nous le respectons.

Néanmoins, nous avons fait face à quelques retours trop violents pour être tolérés. En effet, quelques personnes ont attaqué violemment la LPO, son travail et ses équipes, en particulier Théophile, qui a reçu des messages sur son compte Facebook personnel. De tels propos sont intolérables.

Nous avons pris le temps de répondre à quasiment tous les retours que nous avions eu (même les plus extrêmes) et nous pensions le dossier clos. Mais en lisant le Courrier de l’Ouest du dimanche 18 août, nous avons été surpris de découvrir un courrier de lecteur s’indignant des propos de la LPO sur ce sujet et de notre « inaction » face aux nombreux problèmes auxquelles notre Biodiversité est impactée.

Courrier d’un lecteur paru dans le Courrier de l’Ouest du dimanche 18 août

Nous avons donc décidé de répondre aux lecteurs de cet article et aux détracteurs de notre travail en reprenant point par point, le sujet sensible des chats dans notre société.

1. Le Chat domestique

La domestication du chat, à partir de chats sauvages africains ou asiatiques, remonte à la préhistoire, à au moins 4 000 ans av. J.-Chr., au Proche-Orient et en Égypte. En France, sa présence est attestée à l’époque romaine mais elle ne s’impose dans les fermes qu’au Moyen Âge, pour y chasser les petits rongeurs.

Nous pouvons observer plusieurs catégories de chats domestiques en France. Ils sont classifiés selon les liens qui les unissent à l’Homme :

– Le chat de propriétaire :

Dans cette catégorie, on retrouve tous les chats de race dont la reproduction a été contrôlée (on compte aujourd’hui une cinquantaine de races différentes). Comme son nom l’indique, le chat de propriétaire est sous la responsabilité d’une personne. Immatriculé au fichier vétérinaire félin, il est nourri, soigné et souvent stérilisé par l’Homme. On estime, en France, sa population à plus de 13 millions d’individus (en 2017, chiffre de la fédération des fabricants d’aliments pour animaux familiers). Article L212-10 modifié par la loi no 2016-1087 du 8 août 2016 – art. 154.

– Le chat errant ou chat marron ou féral :

C’est un chat domestique sans maître, retourné à l’état sauvage ou semi-sauvage, par le phénomène du marronnage. Le marronnage (ou féralisation) est l’évolution d’animaux domestiques partiellement ou totalement vers l’état sauvage. À l’origine, il s’agit d’un chat qui s’est perdu, s’est échappé ou a été abandonné. Au fil du temps, il a retrouvé un caractère sauvage. Il peut aussi descendre de chats eux-mêmes errants, nés dans la nature et n’ayant jamais fréquenté les humains. Il vit alors à l’état sauvage (assurant lui-même sa survie par la chasse) mais profite parfois de l’abri et de la nourriture (déchets, restes de repas ou distribution d’aliments) fournie par les humains. Article L211-27 du Code rural et de la pêche maritime.

Au sein des chats errants cohabitent deux groupes proches et difficilement discernables :

  • Le chat libre : défini par l’article L211-27 du Code rural et de la pêche maritime, il a été capturé, stérilisé et relâché sur son territoire de naissance. Il est identifié, nourri et soigné, mais sous la responsabilité d’une commune ou d’une association.
  • Le chat haret : selon la cour de Cassation française, c’est un « chat domestique qui est retourné à l’état sauvage et vit de gibier ». N’étant plus sous la responsabilité de personne, il vit et se reproduit librement. Parfois nourri par l’Homme, il peut devenir un chat libre s’il est capturé.

Chat domestique observant un oiseau-LPO France

-Biologie-

L’espérance de vie d’un chat domestique peut atteindre 20 ans, elle est variable selon ses conditions de vie (75 % des chats errants n’atteignent pas les 6 mois). Sa survie ne dépend pas de la densité de proies mais de l’Homme qui le nourrit et le protège des maladies (vaccins, soins vétérinaires). Il a un très bon odorat qui lui permet d’identifier ses proies et ses ennemis (le sexe et l’état émotionnel), une très bonne ouïe avec des oreilles mobiles et une très bonne vue qui s’adapte à l’intensité lumineuse. Il voit aussi bien que l’Homme même avec six fois moins de lumière. Sa salive a la capacité de désodoriser ses poils et sa peau, ce qui lui permet de chasser sans être trahi par son odeur. Il a une mâchoire puissante et des griffes rétractiles. Son corps est souple et adapté à la chasse à l’affût. Il peut effectuer des sauts de 1,5 à 2 m de haut.

-Comportement-

Le chat est un animal nocturne, même s’il a tendance à devenir diurne. Son domaine vital varie de 0,1 à 600 ha. Sa surface dépendra de la quantité de nourriture fournie (les chats non ou peu nourris ont un plus grand domaine vital) ou de la densité de population de chats (plus la densité de chats sera importante, plus le domaine vital sera petit). Le chat de propriétaire a tendance à rester dans la propriété de son maître. Il a souvent des endroits favoris pour se reposer ou pour chasser, et des endroits qu’il ne fréquente jamais. Le chat aime jouer. Même bien nourri, un chat peut, par instinct, chasser et courir après ses proies, l’objectif étant de jouer. S’il ne joue pas assez, cela peut se manifester par des moments d’agressivité à l’aube ou au crépuscule, lorsque l’activité prédatrice est maximale.

-Reproduction-

Une chatte non stérilisée, peut avoir 4 portées par an soit environ 16 chatons et 150 chatons durant toute sa vie.

2. Le Chat forestier

-Biologie-

C’est un félin sauvage autochtone de la France métropolitaine. Les spécimens français ne se différencient pas des Chats forestiers du reste de l’Europe. Sa population est considérée en augmentation, avec une aire de répartition en expansion sur le grand quart nord-est de la France. Il a une espérance de vie qui peut dépasser les 10 ans. Il fait généralement une portée par an, au printemps, comportant 1 à 5 jeunes. Il est impossible d’avoir une idée sur les effectifs de chats sauvages en France.

-Activité prédatrice-

Un chat sauvage d’âge adulte consomme environ de 400 à 500 g de nourriture par jour. S’il ne se nourrit que de petits rongeurs, la durée minimale de la chasse est de 7 à 9 heures, car il ne réussit ses prises que dans 50 % des cas. En Europe continentale, en Lorraine notamment, il consomme surtout des petits rongeurs ; ils sont présents dans 88 à 97 % des fèces (excréments) ou des estomacs analysés. En été et en automne, les chats sauvages peuvent aussi avaler des insectes et des oiseaux nichant au sol, mais en quantité négligeable.

Étant une espèce autochtone, le chat sauvage est un élément naturel de la chaîne alimentaire. Avec sa chasse sélective toutes les proies attrapées lui servent uniquement de repas.

-Statut de conservation-

Il est devenu très rare en France, mis à part un peu dans le Nord-Est où la forêt diversifiée perdure : la disparition des forêts entraîne inéluctablement la baisse de population du chat sauvage. Aujourd’hui, le chat sauvage bénéficie de mesures de protection au niveau européen puisqu’il est inscrit sur l’annexe A du règlement 338/97 relatif à la protection des espèces de faune et de flore sauvage par le contrôle de leur commerce, ainsi que sur l’annexe II de la convention de Berne qui interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l’enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire, altérer ou dégrader son milieu. En France, l’arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des mammifères terrestres protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection vient compléter le dispositif.

Chat sauvage Felis silvestris, image libre de droit

Sources : Encyclopédie Larousse (1) et Identification du chat forestier en France, apport de la génétique pour détecter les « hybrides » (2)

3. L’impact du Chat domestique sur la Faune sauvage

Le chat domestique est un prédateur non natif dans tous les environnements où il est présent. Introduit par l’Homme, le chat domestique est une espèce que l’on peut considérer comme invasive dans les écosystèmes.

-À noter…-

L’urbanisation et la destruction des habitats touchent de manière importante la faune sauvage et leurs conditions de vie idéales. Le chat domestique n’est donc pas seul responsable de la mortalité ou du déclin de certaines espèces, c’est un facteur aggravant mais pas déterminant. Voir -5-.

Le chat est un grignoteur, il mange plusieurs fois par jour. L’activité prédatrice d’un chat varie en fonction de l’âge, la condition physique, le tempérament, la stérilisation, la sécurité alimentaire, les conditions météorologiques, etc. Il adopte une attitude de chasse solitaire élaborée par un comportement d’affût (l’observation peut durer assez longtemps et être un jeu), d’embuscade (le chat s’aplatit, rassemble ses pattes arrière avant le bond final) et de capture (la proie est saisie). Le chat a souvent un parcours privilégié pour chasser et a tendance à revenir sur les lieux d’anciennes captures. Un chat errant consacre en moyenne 12 heures par jour à la prédation, contre 3 heures par jour pour un chat de propriétaire. Pour attraper une proie, le chat doit en chasser dix. Selon différentes études et méthodes, un chat bien nourri peut capturer en moyenne 27 proies par an, contre 273 pour un chat errant et 1 071 pour un chat haret.

La prédation du chat ne se limite pas à quelques rongeurs bien identifiés, mais peut concerner des groupes d’espèces plus sensibles ou en déclin (comme les oiseaux ou encore les amphibiens).

3a. En France

À l’heure actuelle, les données scientifiques pour prouver les dommages causés par nos matous français sont lacunaires. En 2015, le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM) et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) ont lancé une grande enquête participative sur les liens entre les chats domestiques et la biodiversité.

Voici ce qui est ressorti de cette enquête qui a mobilisé quasiment 3 000 contributeurs et plus de 20 000 observations :

Les proies principales sont à 68 % des micromammifères (Mulot sylvestre, Souris domestique, musaraigne, etc.), à 23 % des oiseaux (mésange, Merle noir, Rougegorge) et à 9 % des reptiles (Lézard des murailles, Orvet fragile). 56 % des proies ne sont pas consommées par les chats. Les rongeurs jugés indésirables représentent moins de 50 % des proies rapportées.

Entre 8 à 10 % des animaux blessés accueillis dans les centres de soins LPO ont été victimes de la prédation d’un chat domestique : 84 % d’oiseaux et 16 % de mammifères et reptiles, dont 59 % des chauves-souris.

Sources : Muséum national d’histoire naturelle (3) et LPO France (4)

3b. À l’étranger

-Aux États-Unis-

-Une étude parue dans la revue américaine Nature en 2013, à la méthodologie statistique inédite mais contestée, s’inquiétait des ravages du chat domestique outre-Atlantique. Selon ses auteurs, le prédateur serait ainsi responsable de la mort de 1,3 à 4 milliards d’oiseaux et 6,3 à 22,3 milliards de petits mammifères chaque année. Des prédations gargantuesques corroborées depuis par différentes recherches.

L’étude est à découvrir par ici : http://abcbirds.org/wp-content/uploads/2015/07/Loss-et-al.-2013-Impact-of-free-ranging-domestic-cats-on-wildlife-in-U.S..pdf

-Au Royaume-Uni-

-Une enquête sur le nombre d’animaux ramenés à la maison par les chats domestiques a été réalisée du 1er avril au 31 août 1997. Au total, 14 370 proies ont été rapportées par 986 chats vivant dans 618 ménages. Les mammifères constituaient 69 % des objets, les oiseaux 24 %, les amphibiens 4 %, les reptiles 1 %, les poissons <1 %, les invertébrés 1 % et les objets non identifiés 1 %. Un minimum de 44 espèces d’oiseaux sauvages, 20 espèces de mammifères sauvages, 4 espèces de reptiles et 3 espèces d’amphibiens ont été enregistrés.

L’étude est à consulter par ici : http://www.uvm.edu/rsenr/wfb175/Cat%20Predation%20Woods%20et%20al.pdf

-En Australie-

Depuis son introduction sur l’île il y a deux siècles, Le chat aurait déjà causé la disparition de 20 espèces natives, comme le Bandicoot-lapin à queue blanche, un petit marsupial, et tue chaque minute plus de 2 000 animaux endémiques…

-Les chercheurs de l’Université Charles-Darwin ont réalisé leur étude à partir de plus de 10 000 échantillons alimentaires collectés par des scientifiques à travers tout le pays, via les déjections ou le contenu de l’estomac des félins. D’après John Woinarski, directeur de l’étude, chaque chat retourné à l’état sauvage tue, en moyenne, 225 reptiles par an. Ces félins consomment davantage de ces animaux en Australie que leurs pairs américains ou européens. Si on prend en compte les victimes de chats domestiques, un total d’environ 650 millions de reptiles sont tués chaque année. Des millions de chats errants vivent en Australie.

L’étude est à consulter par ici : https://www.publish.csiro.au/wr

-Les chats harets tuent 316 millions d’oiseaux par an et les chats domestiques en tuent 61 millions. La population de chats harets en Australie varie de 2,1 millions quand le temps est sec jusqu’à plus de 6,3 millions lorsque de nombreuses proies sont disponibles en raison des pluies. C’est le constat incroyable qu’a fait une équipe de chercheurs australiens en compilant les données récoltées lors d’une centaine d’études. Celles-ci ont été menées à travers l’Australie par des spécialistes de l’environnement sur le régime alimentaire des chats et sur la densité de la population féline. Les chats, présents sur plus de 99,8 % du territoire de ce pays, sont un véritable fléau pour l’écosystème australien !

L’étude est à consulter par ici : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0006320716309223

-Le gouvernement australien a mis en place un plan visant à éliminer des millions de chats sauvages d’ici à 2020. En consommant les saucisses empoisonnées distribuées par des agents, les félins mourraient en l’espace de 15 minutes. L’Australie a construit la plus grande barrière anti-chats au monde dans la réserve de Newhaven, au cœur de l’Australie, afin de protéger certaines espèces menacées. Elle mesure 44 km et a nécessité 85 000 piquets. En tout, l’enclos fait 94 km2, soit quasiment la taille d’une ville comme Paris.

Le texte de loi est à retrouver ici :  https://www.legislation.wa.gov.au/legislation/statutes.nsf/main_mrtitle_12865_homepage.html

Chat domestique-LPO France

Source : Futura Planète (5)

4. Les solutions pour cohabiter

Soyez rassurés, vous pouvez aimer votre chat tout en aimant la nature. Voici quelques précieux conseils pour être un propriétaire responsable.

  • Tout d’abord nous vous recommandons de stériliser pour assurer une vie plus longue et en meilleure santé à votre chat. De plus cette action permet de limiter la prolifération des chats, de stopper les naissances non souhaitées et donc les abandons.
  • Offrez une alimentation saine, variée et en libre-service. Repu, votre chat limitera ses déplacements à la recherche de proies.
  • Stimulez-le et jouez avec lui ! Même si le chat est bien nourri, il peut courir après ses petites proies, c’est un jeu pour lui.
  • Gardez votre chat à l’intérieur lors des périodes à risques, comme un épisode prolongé de pluie, au moment de l’envol des jeunes oiseaux. En votre absence laissez-le, si possible, dans votre maison.
  • N’abandonnez jamais votre chat ! En période de départ en vacances, vous pouvez le confier à un ami ou un voisin, le mettre en pension ou l’emmener en vacances avec vous. Si toutefois vous ne pouvez plus vous en occuper, vous pouvez lui trouver une nouvelle famille ou le confier à une association de protection des chats.

Voici des solutions simples et efficaces pour limiter l’impact du chat sur la faune sauvage et ainsi éviter de nous retrouver dans la même situation que l’Australie.

5. L’impact de nos pratiques agricoles sur la biodiversité

-L’état de la Biodiversité en France-

L’Observatoire national de la biodiversité (ONB) a dévoilé l’édition 2018 de son rapport sur les chiffres clés de la biodiversité. Le document dresse un constat inquiétant de la situation de la faune sauvage en France : un quart des espèces évaluées sont aujourd’hui menacées. Selon le rapport, 26 % des espèces évaluées par l’ONB présentent aujourd’hui un risque de disparition. Un taux qui grimpe à 40 % si l’on considère uniquement l’Outre-mer et chute légèrement (à 22 %) pour la métropole. Parmi ces espèces, 3 % sont d’ores et déjà considérées comme éteintes, 4 % sont en danger critique d’extinction et 6 % sont jugées en danger.

Le rapport révèle que 22 % des oiseaux communs ont disparu de métropole entre 1989 et 2017. Les causes de leur déclin sont multiples, avec en premier lieu la dégradation ou la perte des habitats et l’effondrement des populations d’insectes. Autre espèce touchée, les chauves-souris : selon le bilan, 38 % de ces mammifères volants ont disparu en métropole entre 2006 et 2016. Mais les tendances semblent varier d’une espèce et d’une population à l’autre. Si la Noctule commune a chuté de 51 %, d’autres comme la Pipistrelle pygmée sont en augmentation de 15 % ou stagnent comme la Pipistrelle commune.

-Les causes de cet effondrement

Pour les spécialistes de l’ONB, l’artificialisation des sols et l’agriculture intensive sont les principales menaces qui pèsent sur la biodiversité française, entraînant une fragmentation voire une destruction des habitats naturels. En moyenne, 65 758 ha ont été artificialisés, chaque année, entre 2006 et 2015 tandis que la vente de produits phytosanitaires à usage agricole a grimpé de 12 % en quelques années. Toutefois, la pollution des cours d’eau en métropole, l’introduction d’espèces exotiques envahissantes, la prédation non naturelle ou la fragmentation des cours d’eau figurent également parmi les responsables évoqués. À cause de ces menaces notamment, la France figurerait ainsi parmi les dix pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées alors même qu’elle héberge 10 % de la biodiversité mondiale.

Selon un rapport du GIEC , l’Agriculture est à la fois un fardeau et un rempart pour le changement climatique. Pour consulter le rapport simplifié, c’est par ici : https://www.ipcc.ch/

-À noter…-

L’urbanisation et la destruction des habitats touchent de manière importante la faune sauvage et leurs conditions de vie idéale. Le chat domestique n’est donc pas seul responsable de la mortalité ou du déclin de certaines espèces, c’est un facteur aggravant mais pas déterminant.

Sources : Biodiversité, les chiffres clés-édition 2018 (6) et Manifeste de la LPO pour une agriculture respectueuse de la nature et l’Homme  (7)

6. Le travail de la LPO

La Ligue pour la protection des oiseaux se bat depuis plus de 100 ans pour préserver notre biodiversité. En 1991, la LPO Anjou a été créée pour travailler sur la protection d’espèces emblématiques de l’Anjou, comme le Râle de genêts.

Le réseau LPO en chiffres

  • 32 associations locales (association indépendante juridiquement et financièrement)
  • 3 coordinations
  • 4 délégations territoriales
  • 9 groupes (directement rattaché à LPO France)
  • Une présence dans 83 départements
  • Plus de 5 000 bénévoles
  • Plus de 400 salariés

-Les actions de la LPO au niveau national –

  • Acquérir toujours plus de connaissances sur les oiseaux et leurs habitats naturels pour élaborer, adapter les actions de conservation et permettre l’évaluation des politiques publiques sur l’état de la biodiversité,
  • Œuvrer concrètement pour la conservation d’espaces naturels par la gestion de réserves naturelles, l’achat de milieux naturels menacés, la mise en place de mesures de gestion agricoles et forestières favorables à la biodiversité et aux oiseaux en particulier,
  • Aider à l’extension des aires protégées marines et terrestres, y compris outre-mer,
  • Apporter une expertise aux administrations, aux collectivités territoriales et aux entreprises pour mieux préserver la biodiversité et l’intégrer aux projets de développement durable,
  • Militer pour la mise en œuvre d’actions favorables aux espèces en danger et animer les plans nationaux d’actions pour ces espèces,
  • Agir pour le respect des espèces protégées et contre le braconnage ou les abus de la chasse,
  • Nouer des partenariats pour réduire les impacts des aménagements sur la faune sauvage et la biodiversité en général.

Pour en savoir plus sur nos actions nos positions : https://www.lpo.fr/nos-actions

Le rapport d’activité 2018 de la LPO France : https://www.lpo.fr/transparence-financiere/rapports-dactivite-dp5

-Les actions de la LPO en Anjou-

La LPO Anjou fait également partie du réseau« Paysans de Nature », mis en place par la coordination LPO Pays de la Loire et la LPO Vendée. Il regroupe des agriculteurs qui ont choisi de préserver et de favoriser la biodiversité sauvage sur leur ferme. Ce livre dresse une trentaine de portraits de femmes et d’hommes engagés dans ce réseau. Ils démontrent qu’une agriculture paysanne économiquement viable et respectueuse de la nature est possible. Pour avoir plus d’infos sur ce réseau : https://paysansdenature.fr

Pour en savoir plus sur notre association et nos actions : https://lpo-anjou.org/

Notre rapport d’activité 2018 : https://fr.calameo.com/read/001982761d1adefb1898e

-La LPO et la chasse-

En 2019, la LPO saisit la Commission européenne contre la France sur le sujet de la chasse des oiseaux. La requête de la LPO concerne notamment les oies cendrées, pour lesquelles la date officielle de fin de chasse est le 31 janvier mais que le gouvernement français a depuis plusieurs années tenté de prolonger, par des décisions plusieurs fois annulées par le Conseil d’État. Elle inclut également des plaintes déjà existantes, notamment celle déposée en janvier contre la chasse à la glu, chasse « traditionnelle » autorisée par dérogation dans cinq départements du sud et qui consiste à capturer des oiseaux à l’aide de tiges en bois enduites de glu posées sur des arbres ou buissons.

Récemment, la LPO avait également saisi la Commission concernant des mesures de conservation qu’elle jugeait insuffisantes pour la tourterelle des bois et le courlis cendré. Elle met de plus en cause dans la nouvelle requête la gestion de la chasse d’une vingtaine d’autres espèces en mauvais état de conservation comme la Bécassine des marais, la Gélinotte des bois, le Grand Tétras ou encore la Barge à queue noire. La Directive oiseaux du 2 avril 1979, modifiée en novembre 2009, est l’une des plus anciennes législations européennes en matière de protection de l’environnement. Elle liste notamment environ 80 espèces chassables sur 500 espèces d’oiseaux sauvages présentes dans l’UE, mais limite cette chasse à certaines périodes de l’année. Le texte concerne aussi la protection des habitats, avec la création de zones de protection spéciales (ZPS) notamment sur des sites d’accueil d’oiseaux migrateurs.

Pour en savoir plus : https://www.lpo.fr/connaissance-de-la-biodiversite/la-chasse-des-especes-en-france-et-en-europe-dp7

Exemple d’action de la LPO contre certaines pratiques de la chasse

Rédaction : Théophile Tusseau

Bibliographie :

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