Ils s’appellent Pompoko et Totoro, et nichent dans les secteurs de Montreuil-Bellay et Doué-la-Fontaine en Maine-et-Loire. Depuis mai 2024, ils portent des balises GPS nous permettant de mieux comprendre leur comportement pour ainsi mieux conserver l’espèce.
En 2024, un comportement de migration très différent
Totoro, le sportif, quitte la région le 14 novembre vers 17 h. Arrivé aux environs de La Rochelle deux heures plus tard, il choisit de couper par la mer. Même pas peur, avec une vitesse moyenne de 65 km/h, il atteindra l’Espagne avant minuit. Il fait une pause de trois jours vers Burgos, puis traverse le pays pour rejoindre son site d’hivernage : les plantations d’oliviers de la région de Cordoue.
Pendant ce temps, Pompoko avait préféré affronter l’hiver plutôt que de se lancer dans un voyage risqué. Une migration de quelques kilomètres seulement lui a permis de rejoindre un rassemblement dans les environs de Thouars, dans les Deux-Sèvres. Toutefois, la vague de froid du début d’année le convainc quand même de partir vers le sud, le 14 janvier. Il effectue une traversée par la terre, évitant soigneusement l’estuaire de la Gironde, pour rejoindre un rassemblement au sud de Dax. Il y passera 10 jours seulement avant de remonter sur son site de nidification. Pour l’anecdote, en croisant les infos, on comprendra plus tard que Pompoko a passé ses vacances avec un oiseau suivi par nos collègues normands, observé peu de temps après en halte prénuptiale au sud d’Angers.

Après une saison de nidification réussie pour nos deux protégés qui se sont réinstallés sur la même parcelle ou la parcelle adjacente à celle de l’année dernière, c’est de nouveau l’heure du grand voyage. Cette année, le froid est plus intense et les deux oiseaux ont décidé de pousser leur migration bien plus loin pour s’assurer des vacances ensoleillées.
Pompoko, le sportif tardif
Comme l’année dernière, Totoro est très motivé et part le premier. Il décolle dès le 8 novembre en fin de journée, direction les Pyrénées, en passant cette fois par la terre. Vers 1 h du matin, il arrive au pied du col d’Organbidexka, bien connu des admirateurs d’oiseaux migrateurs. Il semble alors que les conditions météorologiques ne lui aient pas permis de traverser tout de suite, ou alors était-il trop fatigué pour se lancer à l’assaut des montagnes ? Il pivote vers l’ouest, remonte la chaîne, et fera finalement une halte à Ustaritz pour la journée. Il repart le soir même pour traverser les Pyrénées par le col de Lizarrieta, un autre site bien connu des passionnés de migration ! Suivant un trajet similaire à l’année dernière, Totoro arrive à Cordoue le soir du 11 novembre. Il passera une semaine dans les oliviers avant de décider de poursuivre sa route. Il traverse le détroit de Gibraltar le 17 novembre, direction Casablanca ! Il séjourne depuis autour de l’aéroport.
Et c’est alors que Pompoko, que certains appelaient déjà le « feignant », a décidé de nous montrer ses capacités ! Déterminé à ne pas se cailler les miches dans le Thouarsais comme l’année dernière, il décolle le 20 novembre en fin de journée et suivra la même route que Totoro, avec au maximum 50 km de différence. Moyennant deux petites pauses vers Niort, puis dans le nord de l’Espagne après avoir traversé la chaîne pyrénéenne par Banca, il arrive dans les oliviers de Cordoue le 23 novembre à midi. Et ça n’est pas fini ! Le 3 décembre, il se lance et traverse le détroit de Gibraltar. Il rejoindra le sol africain à Tetouan par la même plage que Totoro deux semaines plus tôt. Il est à ce jour en halte 250 km au nord de Casablanca, dans la région rurale de Bouhani.

