Notre histoire
La Ligue pour la protection des oiseaux en Anjou, la LPO Anjou, a la chance de jouir d’une riche histoire, de membres et d’événements marquants et ce depuis ses origines. Simple organisme d’ornithologie amateur à ses débuts sous le sigle du GAEO (Groupe angevin d’études ornithologiques) dans les années 1960, elle a progressivement évolué en branche de la LPO nationale que l’on connaît aujourd’hui. Nous, Antonin et Augustin, étudiants en pratique de la recherche historique, nous nous sommes plongés dans les nombreuses archives de l’association, nous restreignant à l’étude des documents papiers conservés avant la numérisation systématique des archives. Notre étude couvre donc la période allant des années 1980 à 2005. Notre plus grand défi aura été la traduction de ces sources afin de rendre intelligible ce patrimoine à toutes et à tous.
Nous tenions également à remercier M. Jean-Claude Beaudoin, bénévole et ancien président de la LPO, membre depuis le début de l’association, qui nous a été d’une aide précieuse.
Aux origines de la LPO Anjou
À l'origine, un groupe de passionnés
C’est en 1961 que commence l'histoire de la LPO Anjou. À son origine, il y a un homme, passionné, Jean-Claude Beaudoin, qui effectue des observations ornithologiques en tant qu’amateur. Progressivement, des personnes s’adjoignent à lui et un groupe se constitue afin de mener des observations, des recensements et publier un bulletin scientifique à partir de ces travaux. Ce groupe, à l’exception d’une personne formée à l’ornithologie, n’est constitué que par des amateurs. Il devient rapidement nécessaire que ce groupe, alors informel, se structure en véritable association, pour prendre en charge les différentes activités des membres.
Une première association : le Groupe angevin d’études ornithologiques
C’est ainsi que naît officiellement en 1976 le GAEO : le Groupe angevin d’études ornithologiques. C’est une association loi 1901, c’est-à-dire qui a un autre but que la génération de profit. En effet, le premier objectif du GAEO est de faciliter la publication de bulletins saisonniers à propos de l’avifaune ou faune aviaire dans les différents espaces qui composent l’Anjou : le Val de Loire, le Baugeois, les Mauges et le Segréen. L’association apparaît sérieuse auprès des autorités locales de par la position de certains de ses membres dans des commissions départementales liées à la protection de l’environnement et de la biodiversité. Cependant, les grands combats de l’association sont déjà émergents avec la volonté de mise en réserve des Basses Vallées Angevines. Dès son origine, le GAEO ne fait pas cavalier seul.
L’association s’intègre dans tout un réseau d’autres associations ornithologiques, régionales et nationales qui permettent de la consolider du point de vue structurel et de l’aider dans ses activités. C’est dans ce tissu associatif ornithologique et écologiste que le GAEO commence à entretenir des relations et mener des actions de front avec la LPO nationale. Par exemple, à la fin des années 1980, la LPO collabore avec le GAEO sur leur projet de surveillance des Cigognes noires en Anjou. La transformation du GAEO en branche de la LPO résulte d’un ensemble de problèmes. Tout d’abord, le GAEO n’a pas les capacités humaines, matérielles et économiques pour mettre en réserve les Basses Vallées Angevines. La LPO, par ses moyens économiques et surtout juridiques peut appuyer avec force ce projet qu’elle défend également. Ensuite, la vie de l’association nécessite d’importantes évolutions. En effet, le 6 juin 1989, Alain Gentric, alors président du GAEO, établit plusieurs constats :
- Jamais les membres du GAEO n’ont occupé autant de postes à responsabilité à l’échelon local ;
- La croissance numérique de l’association est rapide, avec beaucoup de débutants, qu’il est difficile d’intégrer ;
- Un noyau militant porte l’association à bout de bras et s’épuise ;
- Émergence d’un certain nombre de membres à un bon niveau ornithologique mais mal utilisés par le groupe.
Le rapprochement avec la LPO France
Ainsi, quand la LPO propose au GAEO de se refonder en branche LPO France, le conseil d’administration y voit un moyen de résoudre ces différents problèmes ainsi qu’un moyen de peser plus lourd dans le dossier pour faire des Basses Vallées Angevines une réserve naturelle. Cependant, ce rapprochement n’est pas sans poser de problèmes et soulève des questions de la part de certains membres du GAEO. C’est pourquoi le conseil d’administration pèse le pour et le contre, avant de décider de soumettre cette décision, majeure pour l’avenir de l’association, à ses membres lors d’une assemblée générale qui se tient le 15 décembre 1990. Au début de la séance, Jean-Claude Beaudoin prend la parole afin de rappeler les raisons qui ont poussé à ce possible rapprochement.
D'abord, il y a le désir de prendre des mesures de protection sur les Basses Vallées Angevines. Avec la LPO, le budget serait multiplié par 600 et l’association pourrait bénéficier d’un service juridique mis à disposition. Ensuite en tant que structure ornithologique, le GAEO adhère à l’idée d’unifier les associations ornithologiques de France sous une seule bannière. Enfin, à l’époque, la LPO est l’un des principaux, si ce n’est le principal, interlocuteur sur les questions environnementales auprès du gouvernement. Elle cherche à unifier les différents groupes ornithologiques français afin de les mettre en cohérence, et de trouver des représentants locaux pour réduire son activité directe auprès du public, par souci d’effectifs.
Une fois ces éléments rappelés lors de l'assemblée, un vote anonyme est organisé. Au total, 80 personnes votent, dont 21 par procuration, et le résultat est sans appel : la transformation du GAEO en branche de la LPO est acceptée à la très grande majorité avec 79 voix pour, et une voix contre. À cet instant, le GAEO devient une branche locale de la LPO et prend le nom de LPO Anjou. Le 8 janvier 1991, le contrat est signé, officialisant le changement de nom. L’association conserve une grande autonomie et se gère encore localement au soulagement des membres, c’était alors la crainte principale : se retrouver assujettis à la structure nationale. Mais ce passage à la LPO ne s’est pas réalisé sans accrocs. Mais rapidement les tensions s’apaisent et l’association est intégrée à la LPO Anjou. Voilà comment est née la LPO Anjou actuelle, poursuivant son action de recensement comme ses enquêtes ornithologiques et missions de protection environnementale.
Les grands combats historiques de la LPO Anjou
Les Basses Vallées Angevines (BVA) : un patrimoine écologique précieux
Les terres angevines se caractérisent par une biodiversité riche et particulière au climat du grand Ouest français. Elle possède également l’un des réseaux hydrographiques les plus développés de France, caractérisé par une zone de confluences de plusieurs rivières ; appelée les Basses Vallées angevines, ou BVA, elle forme un ensemble de plaines inondables de plus de 100 km², le plus grand de France, à l’écosystème unique et particulièrement riche où cohabitent un grand nombre d’espèces végétales et animales uniques.
Les BVA sont particulièrement appréciées des ornithologues ou des passionnés d’oiseaux. Elles constituent un milieu de repos et de reproduction privilégié pour de nombreuses espèces migratrices, comme la Barge à queue noire, ou encore le Râle des genêts, des espèces menacées et en voie de disparition.
L’étude et la protection de ces deux espèces se sont avérées être d’un intérêt croissant pour l’association, jusqu’à devenir représentatif de ses actions de protection environnementale.
L’Outarde canepetière
L’Outarde canepetière Tetrax tetrax est un oiseau de la famille des Otididae, mesurant une quarantaine de centimètres et vivant, entre autres régions, dans les plaines cultivées du Centre-Ouest français (Vienne, Vendée, Charente-Maritime et Maine-et-Loire). C’est un oiseau qui s’est durablement adapté à l’anthropisation des terres, profitant de l’émergence progressive des champs et des grandes étendues céréalières où il a trouvé un milieu parfait pour sa nidification.
Pendant longtemps l’espèce n’a pas suscité d’intérêt particulier pour les ornithologues, les premiers recensements (angevins uniquement) n’ayant commencé que durant les décennies 1970-1980, et s’étant contentés de la limite nord de l'aire française de répartition de l'espèce à l'exception d'un petit noyau proche d'Alençon dans la Sarthe.. Il est ainsi difficile de prononcer des chiffres exacts sur le nombre d’individus. L’outarde a en effet cette difficulté, par sa petite taille et sa couleur, d’être difficilement observable directement ; le seul indice de sa présence résidant dans son chant caractéristique entendu à travers champs. Les premiers relevés mentionnent alors quelque 70 mâles chanteurs dans la région nord, donc potentiellement tout autant de couples.
Cependant, la population de l’outarde n’a cessé de baisser depuis, atteignant à peine la vingtaine de mâles chanteurs en 2010, et se stabilisant difficilement à une quinzaine d’individus en 2021, en partie grâce aux efforts de préservation des associations environnementales.
Comment expliquer cela ? L’intensification de l’exploitation agricole et la mécanisation généralisée du travail de l’agriculteur. En effet l’espèce établit ses nids à même le sol, s’exposant au passage des machines, alors même que le temps des moissons s’est raccourci au fil des décennies. Les couvées trop jeunes n’ont alors aucun espoir d’échapper aux colosses mécaniques. À cela s’ajoute la multiplication des traitements contre les « nuisibles » qui a participé à la raréfaction des populations d’insectes et donc à la source de nourriture principale de ces oiseaux.
Un espoir subsiste : les zones de jachères, encouragées par la politique agricole commune (comme outils de biodiversité et de régulation de la production), sont un espace idéal pour la nidification des outardes. La LPO s’est ici impliquée auprès des agriculteurs pour que la période de traitement de ces jachères s’axe sur le rythme de maturation des poussins ; c’est un travail de sensibilisation et de pédagogie de plusieurs années qui a permis de stabiliser la population d’outardes, bien que sans réussir pour l’instant à la faire augmenter significativement.
Le Râle des genêts : un oiseau symbolique
Le Râle des genêts Crex crex est un petit oiseau migrateur nicheur de la famille des Rallidés, nidifiant en Europe durant la période estivale avant de passer l’hiver dans le sud de l’Afrique. Il est réputé pour son chant très particulier rappelant une crécelle, « crèx… crèx », qui lui a d’ailleurs donné son nom scientifique.
C’était une espèce autrefois très commune des plaines inondables, angevines notamment, mais elle a vu son nombre drastiquement décliner au cours du siècle, et ce dans toute l’Europe. En cause : l’aménagement progressif des terres alluvionnaires ou des fleuves, en particulier en vallée de la Loire, qui a modifié le facteur d’inondation de nombreuses surfaces. Le râle s’est progressivement vu confisquer ses territoires de reproduction, un phénomène encore accentué par la mise en culture de ces plaines, qui a eu pour l’oiseau le même effet que pour l’outarde en privant les jeunes nichées de leur temps de maturation, les petits se faisant faucher par les machines qu’ils ne pouvaient fuir.
Pendant longtemps l’espèce a été négligée des ornithologues en raison de son abondance : on ne pouvait l’observer directement à l’instar de l’outarde (trop petite dans les fourrés où elle vit) mais son chant caractéristique était entendu au crépuscule dans toutes les BVA depuis des temps immémoriaux. C’est dans les années 1980 que des ornithologues nationaux ont commencé à s’interroger sur cette espèce particulière, typique des plaines inondées. Ils se sont alors tournés vers ce qui allait devenir la LPO Anjou, le Groupement angevin d’études ornithologiques. Ce dernier avait l’avantage de pouvoir opérer dans l’une des (rares) dernières régions de France qui n’avait pas subi d’aménagement intensif à vocation agricole ou commerciale, comme les cultures de maïs, les peupleraies, ou les canaux creusés à même le lit des fleuves. La zone des BVA constituait alors une zone d’accueil de premier ordre pour les oiseaux migrateurs, et un ample programme de recensement national fut décidé en 1983. On en dénombra environ 2 000 mâles chanteurs en France, dont plus du tiers dans la seule région angevine.
En 1995, un premier essai est tenté pour capturer les mâles chanteurs de jour : un seul oiseau est capturé. De 1996 à 2000, seuls sept mâles chanteurs sont bagués par cette méthode. Heureusement, les Anglais, experts en la matière, publient une nouvelle technique de capture : la capture des mâles doit s’effectuer de nuit, d’avril à juillet. Les oiseaux sont repérés à leur chant et capturés à l’aide d’une épuisette dont les bords sont protégés pour éviter de blesser l’oiseau. Grâce à cette méthode, 560 mâles sont capturés en sept ans sur les BVA, permettant plusieurs contrôles d’oiseaux bagués précédemment.
Mais durant les années suivantes, les catastrophes se succèdent : les années 2000 voient les inondations tardives, provoquées par le réchauffement climatique, casser le cycle des migrateurs ; à cela s'ajoute l’exploitation agricole qui ruine les nichées. En conséquence les sites sont dépeuplés à grande vitesse, un effet qui touche tous les échassiers nicheurs en Europe de l’Ouest, avec pour seule exception l’Écosse, grâce à ses îles isolées et protégées. On peut prendre en exemple la population angevine, qui fluctue : 350 chanteurs en 1990, puis 400 en 2000. Mais des crues tardives sur les deux années détruisent complètement le potentiel reproductif, la population est divisée par 4. On compte 50 mâles chanteurs en 2019.
Écologie et protection environnementale : les grands projets angevins et nationaux
Restait alors le besoin de mettre en place des outils de protection, notamment au travers des principaux responsables malgré eux de la mise en danger de l’espèce : les agriculteurs et les exploitants du bois. Heureusement pour l’association, des projets étaient déjà en branle à l’échelle nationale pour la protection de certaines espèces sensibles. Parmi eux, le programme LIFE (l’Instrument financier pour l’environnement), un projet européen lancé en 1992. Son objectif est de mettre en place une politique et une législation permettant une gestion communautaire des espaces dans le but de protéger l’environnement.
À partir de 1995-1996 est lancé le programme LIFE Outarde. Son objectif est de permettre la sauvegarde de l’outarde dans les zones où elle subsiste encore. La LPO Anjou a été choisie par le programme pour mettre en œuvre ce projet en Maine-et-Loire et mener des actions de protection, en lien avec les acteurs locaux dans le département. Ce LIFE a permis d’améliorer la connaissance globale de l’outarde, au regard notamment de sa biologie, de son environnement, de sa répartition et de ses flux migratoires. Des guides de procédure ont été validés et un programme expérimental a pu être développé et testé. Un partenariat avec des agriculteurs a ensuite pu être mis en place pour valider des pratiques agro-environnementales sur les huit sites du programme pilote (Méron pour l’Anjou). Ces pratiques ont ainsi été intégrées dans le plan de développement rural national (PDRN) 2000-2006 sous la forme de mesures agro-environnementales contractuelles (MAE) dites « outarde ».
De plus, la LPO Anjou a associé à la préservation de l’outarde celle des plantes messicoles, qui souffrent, tout comme notre oiseau, de la disparition des insectes mellifères. Pour cela, l’association a travaillé avec les agriculteurs, comme dans le cadre de la préservation de l’outarde et a pu bénéficier des jachères mises en place avec la réforme de la PAC en 1993. Ainsi, la survie de l’outarde a aussi permis la survie des plantes messicoles.
Quelques années plus tard, la LPO Anjou participe au LIFE Râle des genêts. Pour cela, elle a bénéficié de subventions. La LPO Anjou a usé de ces financements pour acheter des terres (avec un objectif initial de 1 200 ha) dans les BVA, terres qui ensuite sont louées aux agriculteurs pour le pâturage ou la jachère.
Ces achats de terres permettaient de lutter contre la généralisation des peupleraies voulues par l’État, qui ne se projetait alors que dans une perspective productiviste et économique (encouragé par les lobbies du bois) au détriment des espèces autochtones et du biotope local. Le projet de mise en valeur des basses vallées avait même atteint l’objectif faramineux d’aménager plus de 75 % du territoire (!), avant qu’il ne soit revu drastiquement à la baisse par les autorités.
Pourquoi un tel revirement ? Les associations environnementales nationales et angevines se sont organisées, la lutte contre les lobbies des populiculteurs devenait primordiale, et la mise en place de mesures de préservation urgentes afin de protéger les BVA, leur avifaune et le biotope. Le Râle des genêts a été ici pris en exemple pour médiatiser le problème, et la LPO Anjou a travaillé pour inciter les exploitations agricoles à décaler les fauches des prairies après la période du 10 juillet, une date qui permettait aux oisillons de grandir suffisamment pour échapper aux moissonneuses ; une nouvelle méthode de fauche a également été préconisée, pour ratisser d’une manière spécifique qui permet aux oiseaux de voir venir le danger de loin, et de s’écarter à temps.
Mais à ces conseils s’opposaient des arguments économiques : les fauches tardives donnent en effet du mauvais foin. De plus, les clauses des contrats qui lient les exploitants avec les acheteurs poussaient ces premiers à se précipiter sitôt les cultures mûres. Tous les agriculteurs se lançaient alors en même temps à l’assaut des près, une chose délétère pour les oiseaux nicheurs ; là où à une époque la moisson se faisait plus artisanalement, plus sporadiquement, les oiseaux avaient le temps de fuir.
D’autres mesures sont également proposées, en imposant une faible allure aux moissonneuses pour que les poussins puissent fuir ; mais peu de contrôles ont été faits à cet endroit, et la rentabilité exacerbée de l’agriculture moderne laisse présager de nombreux abus. Cette nouvelle tendance aux contrats a incité les agriculteurs à intensifier l’exploitation des BVA, au grand dam des écologistes. La recherche de compromis a donc été le travail central — et le plus ardu — des défenseurs de l’environnement.
La LPO Anjou : diffusion de la connaissance scientifique et de la protection de l’environnement
Depuis qu’elle existe la LPO Anjou, et le Groupe angevin d’études ornithologiques (GAEO) avant elle, a au cœur de son engagement la diffusion du savoir ornithologique et, plus largement, naturaliste. Cette volonté a un simple but de partage de la connaissance mais est aussi et surtout un moyen de sensibiliser aux problèmes écologiques, notamment sur la nécessité de protéger les écosystèmes et les espèces qui y sont attachées. Cette diffusion passe d’abord par la mise à disposition de ceux qui le souhaitent d’informations, via les nouvelles technologies.
Utilisation des nouveaux moyens de communication
L’utilisation des nouveaux moyens de communication a toujours été utilisée par l’association. Ainsi, dans le rapport du conseil d’administration du 21 juin 1988, un des membres émet la volonté de créer un serveur minitel du GAEO qui permettrait de faciliter l’accès aux informations sur l’association ou des informations d’ordre ornithologique. L’idée est acceptée par le conseil d’administration, malgré son coût important. Lors du conseil d’administration du 14 octobre 1988, on apprend que le serveur minitel est achevé. Il contient diverses informations, dont quelques-unes purement scientifiques comme les enquêtes ornithologiques, les observations du mois et même des observations quotidiennes (rapidement supprimées à cause de la maintenance nécessaire).
L’association en profite pour mettre en valeur ses différents projets ainsi que ses futures animations prévues, permettant à ceux qui le souhaitent de participer à des événements, généralement ludiques et pédagogiques, sensibilisant à la préservation de l’environnement et instruisant sur l’avifaune. Avec ce serveur déjà émergent les prémices de la science participative, grâce à la possibilité, pour les utilisateurs, de laisser un message contenant des informations sur une observation importante, par exemple. De plus, pour augmenter la portée et l’audience de ce serveur minitel, son code d’accès est diffusé à partir de janvier ou février 1989 dans des revues naturalistes grand public telles l’Oiseau magazine ou le Courrier de la nature. Dès janvier 1992, il est décidé d’informatiser l’association en général, tant pour les recherches que pour l’administration.
Cependant, il faudra attendre encore quelques années avant l’apparition du site internet de la LPO Anjou. En effet, lors d’un conseil d’administration, l’un des membres, Fabrice Berland, soulève l’idée de créer un site internet LPO Anjou. Néanmoins, beaucoup doutent de l’utilité et de la rentabilité d’un tel projet et l’idée est alors abandonnée… jusqu’en juin 1997 quand Fabrice met en ligne le premier site internet du réseau LPO (le site a été couronné par un Net d’or régional France Télécom en mars 1999). À partir de 2009, la LPO Anjou dépasse le stade de la simple diffusion de la recherche et de la connaissance historique pour entrer dans l’ère de la science participative avec la création de Faune-Anjou, un site qui permet à chacun de saisir ses propres observations.
Une diffusion qui passe par du travail de terrain
Cependant, que cela soit le GAEO ou la LPO Anjou, la diffusion du savoir et de la cause environnementale ne s’est jamais limitée à l’outil informatique. En effet, depuis ses débuts, l’association participe à des événements locaux, comme des fêtes de villages, pour tenir des stands et proposer des activités ludiques autour des thématiques environnementales et naturalistes. Par exemple, dans le deuxième plus ancien rapport de CA conservé à la LPO, on voit que le GAEO participe à la fête de Briollay où elle tient un stand et propose un jeu sur les oiseaux pour attirer les visiteurs. La LPO intervient aussi directement dans les écoles et ce depuis déjà des années. En effet, un cahier conservé à la LPO relate les activités d’une classe de primaire dans la Champagne de Méron. Si nous ne pouvons pas établir de date précise pour son écriture, nous l’avons trouvé dans un dossier compilant des archives s’étendant de 2001 à 2005. Le cahier a probablement été écrit dans cet intervalle. Cela montre que la sensibilisation des territoires auprès des enfants a toujours été au cœur des activités de l’association. En effet, la Champagne de Méron est l’un des derniers lieux de reproduction et de vie de l’Outarde canepetière et est au cœur d’enjeux de développement durable depuis la fin des années 1990.
La LPO Anjou, un acteur de la vie publique
Des initiatives : la préservation des Basses Vallées Angevines
Dès ses origines, la LPO Anjou a été un acteur engagé dans la vie locale du département. Ses expertises, qu’elles soient une demande des autorités publiques ou une initiative de l’association, ont été au cœur de nombreux projets au cours des quarante dernières années. Évidemment, elle est intervenue à de nombreuses reprises avec pour but de préserver des espaces naturels. Souvent à son initiative, elle est parfois parvenue à accorder plusieurs groupes, aux intérêts divergents, au bénéfice de la préservation de la nature. C’est par exemple le cas pour l’arrêté de biotope à propos de l’île Saint-Aubin.
La mise en œuvre de projets publics : l’exemple du réseau Natura 2000
De plus, la LPO Anjou a joué le rôle de sous-traitant scientifique pour le projet européen Natura 2000 dès sa mise en place au cours des années 1990. Il s’agit d’un réseau rassemblant des sites naturels ou semi-naturels de l’Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu’ils contiennent. La constitution du réseau Natura 2000 a pour objectif de maintenir la diversité biologique des milieux, tout en tenant compte des exigences économiques, sociales, culturelles et régionales dans une logique de développement durable, et sachant que la conservation d’aires protégées et de la biodiversité présente également un intérêt économique à long terme. Justement, l’île Saint-Aubin est au cœur de ce projet et c’est la LPO Anjou qui a été choisie pour le mettre en œuvre. La LPO Anjou est donc au coeur de la mise en œuvre de tout un ensemble de projets publics.
Des actions en réaction à certains projets destructeurs
L’association agit aussi plus concrètement. Par exemple, en se prononçant contre la réalisation d’un projet de rocade sud à Angers, le projet passant par des zones de reproduction de certaines espèces protégées. De même, en 2004-2005, elle a lutté avec vigueur contre l'abattage des Frênes têtards, en allant jusqu’à interpeller le maire d’Angers. Et cela, car ce projet d’abattage allait contre les résolutions prises dans le projet Natura 2000, accepté par la mairie auparavant. La LPO Anjou a donc une place importante dans la vie publique, en menant des projets locaux ou en luttant contre certains.
Les associations angevines : l’exemple de la Section saumuroise d’ornithologie (SSO)
La SSO :
La Section saumuroise d’ornithologie était à l’origine une association annexe à la Société des lettres, sciences et arts de Saumur. Elle fonctionnait de la même façon que le GAEO, réunissant avant tout des passionnés d’ornithologie dans un but d’observation et de recensement. Elle commence au début de l’année 1988 à publier des bulletins manuscrits, Les feuilles volantes de la SSO, réservés aux membres de l’association, dans lesquels elle compile, sous la plume de Victor Leray, toutes les observations de ses membres durant le mois écoulé.
Oiseaux nicheurs ou non nicheurs, migrateurs ou autochtones, tout est scrupuleusement noté avec les précisions géographiques qui s’imposent, ou les particularités notées. Elle informe également ses membres des différentes activités, séminaires ou conférences dans le domaine de l’ornithologie, et elle publie des retours sur les différentes activités pédagogiques ou de sensibilisation à laquelle elle a participé (comme l’animation d’activités dans des écoles, des promenades, etc.).
C’est un organe d’échanges et de liens à l’échelle d’une petite communauté de passionnés. Elle dynamise les projets et communique sur les besoins, pour le recueil d'informations concernant par exemple des poteaux des PTT mal obturés, ou pour encourager les échanges de données avec d’autres associations départementales, comme le GAEO ou la LPO nationale, associations toutes deux considérées comme centrales à l’échelle du département.
Parallèlement à la publication des feuilles volantes, la SSO se retrouve livrée à elle-même après la cessation d’activité de la Société des lettres, sciences et arts de Saumur. Bien qu’indépendante, elle choisit de s’associer au GAEO, alors seule association agrégée, afin de pouvoir lier leurs influences face aux lobbies des chasseurs ou des pêcheurs. Lorsque le GAEO fusionne avec la LPO nationale en 1991, la SSO décide de conserver les liens : la SSO garde son sigle et un degré d’indépendance, tout en s’associant à la LPO Anjou. Les cotisations restent les mêmes, mais les membres de la SSO ont désormais accès aux bulletins internes de la LPO nationale. Une chose satisfaisante pour les membres. Aujourd'hui, la SSO n'existe plus, elle s'est transformée en groupe LPO local saumurois.
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