Cavités souterraines

Le département de Maine-et-Loire, par son réseau important de sites souterrains, l’abondance de son bâti ancien, sa proximité avec des grandes vallées humides (Loire, Basses Vallées Angevines, Loir, Mayenne et Sarthe), ou encore son recouvrement en massifs boisés, concentre des enjeux remarquables en ce qui concerne les populations de chauves-souris troglophiles et anthropophiles régionales. Le département de Maine-et-Loire compte à ce jour 22 espèces de Chiroptères, la majorité fréquentant les souterrains. En constante augmentation, les effectifs comptés avec les bénévoles LPO et GCPDL chaque hiver approchent les 25 000 individus (on en compte 35 000 dans l’ensemble des Pays de la Loire) !

Ces sites appartiennent à des propriétaires privés, dont la plupart sont particulièrement investis dans les actions de conservation. Sans eux, la LPO Anjou ne pourrait conduire aucune action sur ces sites sensibles. Merci à eux pour leur collaboration et leur investissement en faveur des chauves-souris.

L’étude et la conservation des chauves-souris sont des axes forts sur lesquels la LPO Anjou s’investit depuis près de 25 ans. En raison des nombreux enjeux régionaux et nationaux identifiés en Maine-et-Loire, ainsi que de la présence d’un groupe de bénévoles impliqués de longue date, des actions concrètes ont émergé et sont poursuivies. Membre du conseil d’administration du Groupe Chiroptères Pays de la Loire, la LPO Anjou s’appuie sur ce réseau régional et ses bénévoles locaux pour conduire ses opérations. L’ensemble de ces actions s’articule autour de plusieurs aspects ancrés dans le fonctionnement de la LPO : actions de connaissance et actions de sensibilisation avec pour finalité des actions de conservation.

LMP_Pipistrelle commune

Murin à oreilles échancrées © Benjamin Même-Lafond.

Les cavités souterraines angevines intégrées au réseau Natura 2000

Les carrières souterraines hébergent des chauves-souris pendant la période hivernale. Initialement, en 2003, cinq sites ont été proposés et retenus au titre de Natura 2000 en fonction des espèces qu’ils hébergent et du nombre d’individus d’espèces patrimoniales (espèces citées à l’annexe 2 de la directive Habitat.

Leur protection permet de sauvegarder une fraction non négligeable des effectifs nationaux de plusieurs espèces, comme le Murin à oreilles échancrées et le Grand Rhinolophe, deux espèces de chauve-souris particulièrement sensibles.

Chemellier - La Seigneurerie et le Vau-Robert

Mesures de protection mises en place

Depuis les années 2000, des suivis sont régulièrement effectués sur la commune de Chemellier. Deux sites principaux, la Seigneurerie et le Vau-Robert, accueillent la majorité des chauves-souris. La mise en tranquilité des sites a été réalisée en partie en 2004, par la pose de 2 grilles.

Les espèces sur le site

Les gîtes d’hibernation accueillent 14 espèces de chauves-souris parmi les 22 présentes en Anjou. L’espèce la plus présente est le Murin à oreilles échancrées (plus de 1000 individus). En plus, on y recense entre autres le Grand rhinolophe, le Petit rhinolophe, le Grand murin, le Murin de Daubenton, ou encore le Murin à moustache.

Espèce phare

Le Murin à oreilles échancrées est l’espèce la plus fréquente dans les cavités chemelloises. Souvent en groupe, il est facile à observer l’hiver lors des suivis naturalistes. Il est possible d’en compter plus de 50 regroupés sur quelques cm². Dans les fissures des plafonds ou simplement agrippés à ceux-ci, on peut les déterminer grâce à leur couleur brune, leur museau et leurs oreilles légèrement roses. Leur pelage dense et laineux paraît toujours ébouriffé. Même en léthargie, on les surprend parfois à se toiletter lentement.

Évolution des effectifs

Depuis l’année 2000, les effectifs sont passés de 493 à plus de 1800 individus grâce à une forte concentration de Murins à oreilles échancrées. Les effectifs de Grands rhinolophes, après une apparente baisse jusque dans les années 2020, semblent remonter peu à peu, mais les effectifs sont fluctuants. D’une année sur l’autre, des reports sont constatés entre les sites suivis sur la commune. Encore aujourd’hui, les fluctuations observées laissent penser qu’un ou plusieurs sites manquent toujours à l’appel.

Cuon - l'Hotêl-Hervé

Mesure de protection mises en œuvre

Afin de sécuriser le site et de garantir la quiétude des lieux, un portillon et une grille ont été installés sur les deux accès existants (2010). Au-delà des protections physiques, une convention a été passée entre la LPO Anjou et les propriétaires. Elle a vocation à consolider les liens par l’intermédiaire d’engagements mutuels visant à une cohabitation harmonieuse entre les hommes et les chauves-souris.

Natura 2000 : le dessous et le dessus

La mise en place des mesures de protection demande une zonation précise de la cave, afin que les propriétaires de la surface (superficiaires) soient informés. De plus, elle permettra aux « propriétaires » (cf. législation) de préciser l’étendue de leurs biens (et donc de leurs droits et devoirs). Un relevé succinct, permettant de délimiter le périmètre et les principaux axes de la cave est suffisant pour répondre à cette problématique.

Afin de déterminer l’évolution à plus ou moins long terme des sites considérés, il est souhaitable qu’une étude géotechnique soit menée, afin de déterminer les éventuels points faibles des caves. Cette étude doit permettre d’évaluer l’état de conservation physique du milieu et de rechercher, si besoin est, les solutions pour le maintenir.

Les espèces sur le site

La spécificité du site concerne à la fois la diversité des espèces présentes en hibernation (14) ainsi que les effectifs remarquables de Murins à oreilles échancrées et de Grands rhinolophes. Les grands volumes et la température constante régnant au sein des anciennes carrières souterraines sont très favorables à ces deux espèces. 

Évolution des effectifs

Si environ 400 individus étaient dénombrés au début des années 2000, les effectifs semblent désormais se stabiliser autour de 800 individus (période de 2010-2017). La tendance à la hausse est notable pour le Murin à oreilles échancrées. La baisse marquée de l’hiver 2012, suivie par un retour à des valeurs hautes, semble témoigner d’un report ponctuel d’une partie des individus sur un autre site. À l’inverse, les effectifs dénombrés pour le Grand rhinolophe semblent indiquer une tendance à la baisse sur le site.

Vieil-Baugé - La Poinsonnière

Mesures de protection mises en œuvre

Un portail et un mur maçonné ont été installés en 2010 pour préserver la quiétude de la cavité principale. Afin d’assurer une protection règlementaire complémentaire, le site s’est vu classé par un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (2013). L’un des gîtes satellites a également bénéficié d’un aménagement. Après avoir engagé une démarche de conservation avec le propriétaire de la cavité, une convention a été établie. La fermeture de la cave a été nécessaire au vu des multiples dérangements constatés durant les hviers. Il a été convenu, d’un commun accord avec le propriétaire, de fermer l’entrée par une grille afin d’en restreindre strictement l’accès.

Les espèces sur le site

La particularité de cet immense réseau souterrain réside dans son 1er rang régional pour le Petit rhinolophe et son 1er rang départemental pour le Grand murin, et ce de façon systématique à chaque saison hivernale. Depuis 2000, 16 espèces différentes ont été observées sur le site. Bien que le milieu soit propice à l’accueil du Murin à oreilles échancrées, celui-ci est peu recensé, avec des effectifs ne dépassant pas les 30 individus depuis l’origine des suivis.

Espèce phare

20 centimètres d’envergure, de 4 à 10 grammes, le Petit rhinolophe est l’une des plus petites chauves-souris de France, c’est également une des espèces les plus fragiles. Cette espèce a subi une nette régression, disparaissant même de certains pays. Cette chute serait due à l’utilisation massive de pesticides. Depuis les années 1990, les populations tendent à croître lentement, sans pour autant revenir à l’effectif d’origine.

Tout comme les autres Rhinolophidés, il se suspend en s’enfermant dans ses ailes. Sa petite taille l’empêche d’être confondu avec les autres espèces du genre. Le Petit rhinolophe passe l’hiver en cavité, en s’accrochant à différents supports, se retrouvant parfois très proche du sol. Il est très fidèle à son site d’hibernation.

Évolution des effectifs

Entre 2000 et 2022, l’effectif global ont plus que triplé sur le site de la Poinsonnière, passant de 200 à plus de 600 individus. Depuis les effectifs particulièrement bas de l’hiver 2009-2010, le nombre d’individus dénombrés ne cesse de croître pour les 2 principales espèces du site : le Petit rhinolophe et le Grand murin. En 2022, ce sont 877 chauves-souris qui ont été recensées.

Chênehutte-Trèves-Cunault - la cave Prieur et les caves du Château

Mesures de protections mises en œuvre

La cavité principale a fait l’objet d’aménagements en 2012. L’intérêt est de conserver la circulation de l’air tout en préservant la tranquilité de la cavité durant l’hiver et désormais l’été. Un périmètre grillagé a été ajouté au-dessus des voutes effondrées du coteau. Depuis ces aménagements, les Grands rhinolophes sont de plus en plus nombreux à profiter du gîte et le Rhinolophe euryale y a élu domicile toute l’année, tandis que les propriétaires des différentes entrées continuent l’usage habituel qu’ils ont du site.

Les espèces sur le site

14 espèces y sont recensées chaque hiver. Parmi elles, 6 sont mentionnées à l’annexe 2 de la Directive Habitats (espèces d’intérêt communautaire dont la présence sur un territoire peut aboutir à la désignation de Zones Spéciales de Conservation, ou de Zones de Protection Spéciales en ce qui concerne les oiseaux, qui constituent le réseau N2000) : le Grand rhinolophe, le Petit rhinolophe, le Rhinolophe euryale, le Grand murin, le Murin à oreilles échancrées et la Barbastelle d’Europe. Les Grands rhinolophes représentent plus de 60% des effectifs. Le record est de 590 individus en 2000. Les quelques puits d’effondrement situés en forêt attirent aussi les espèces arboricoles : oreillards, sérotines… L’été, quelques Grands rhinolophes sont recensés, ainsi que quelques Rhinolophes euryales, avec parfois des naissances !

Espèce phare

Rare en Anjou et évalué en danger critique d’extinction en Pays de la Loire (soit l’espèce de chauves-souris la plus menacée d’extinction à courte échéance), le Rhinolophe euryale est présent en été comme en hiver dans les caves de la commune. Son territoire de chasse s’étend de 4 à 5 km, voire plus si le territoire est morcelé. Le secteur est donc parfaitement choisi : proche des bois de Joreau et de la forêt domaniale de Milly. 

On estime sa présence sur toute la région à seulement 150 individus adultes, ce qui est bien peu pour une espèce coloniale. Il s’agit de l’espèce la plus liée aux souterrains dans le Maine-et-Loire : en plus des bois, les réseaux souterrains des bords de Loire et, plus largement, du Saumurois et du Baugeois sont essentiels.

Évolution des effectifs

Depuis 2000, les effectifs de Grands rhinolophes tendent à baisser et fluctuent. Après le pic observé en 2000, on retrouve de forts effectifs en 2007 avec 490 individus et on observe quelques périodes de chutes passant à 290 pour les années les moins favorables. Les 5 dernières années semblent indiquer une augmentation des enjeux. La seconde espèce la plus présente, le Murin à oreilles échancrées, ne représente que 6% de la population locale. L’effectif augmente régulièrement et a atteint 176 individus en 2017, contre 20 en 2000.

Puy-Notre-Dame - la cave Billard

Mesures de protection mises en place

Depuis 2009, la LPO possède une partie de la cave et gère en partenariat avec un viticulteur l’ensemble du site en faveur des chauves-souris. L’objectif est de préserver la tranquilité des lieux. Pour cela, des accès ont été condamnés pour ne laisser passer que les chauves-souris. Des dégradations faisant l’objet de plaintes ont amené à remplacer un portail.

Afin d’assurer sa pérennité, le site a été classé par un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (APPB). Ainsi, toute démarche d’aménagement du territoire doit prendre en compte la présence des chauves-souris. De son côté, le propriétaire de l’autre partie respecte un plan de stockage de son vin, établi pour avoir le minimum d’incidence sur les colonies de Chiroptères.

Les espèces sur le site

Le Grand rhinolophe et le Murin à oreilles échancrées sont les deux espèces très majoritairement recensées. Il s’agit des effectifs les plus remarquables de l’Anjou en hiver, second en Pays de la Loire, et parmi les plus fortes concentrations de France pour le Grand rhinolophe.  Les autres chauves-souris sont présentes en effectifs plus limités mais fidèles au site avec une quantité comparable d’espèces.

Espèce phrare

Le Grand Rhinolophe est une espèce emblématique du site. Fait original, un important groupe de mâles est présent en été dans une cheminée de la cave, avec les effectifs les plus élevés connus en France.

En raison de ces enjeux, le site participe activement à un programme interrégional de recherche, d’étude et de conservation de l’espèce et des autres chauves-souris troglophiles. Ainsi, de nombreux individus sont équipés de puces RFID et sont identifiés lors des comptages ponctuels ou quotidiennement avec la présence permanente d’une antenne de lecture fixe à la sortie d’un des puits du site. En relation avec les chercheurs et les autres associations, cela permet à la LPO Anjou d’en apprendre énormément sur les déplacements, les liens avec les autres sites, la fidélité, les liens de parenté, la structure d’âge ou de sexe, la survie, l’utilisation des sites etc. Toutes ces informations sont insdispensables à une stratégie de conservation éclairée.

Évolution des effectifs

Depuis plus de 15 ans, les effectifs augmentent régulièrement. Ils ont quadruplé entre 2000 et 2016, passant de moins de 500 individus à plus de 2000. Il s’agit du second site régional en termes d’effectifs l’hiver : jusqu’à 2945 chauves-souris y ont été dénombrées en 2020.

Bandeau N2000 Chiros

Dernière mise à jour : août 2024

L’Écho des chauves-souris

Bulletin d’information semestriel sur les chauves-souris et les sites Natura 2000 désignés pour leur protection en Anjou

N°21 - octobre 2024

Chronique des sites : les suivis de l’été 2024
Acoustique chez les chiroptères : comment étudier l’inaudible ?
Antenne de lecture : Késako ?

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Dernière mise à jour : octobre 2024

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