Ces arrêtés visent une nouvelle fois des espèces dont les statuts de conservation sont défavorables aux niveaux européen et français : l’Alouette des champs est en fort déclin et a perdu plus de la moitié de ses effectifs européens depuis 1980 et près du quart de sa population française au cours des 20 dernières années, tandis que le Vanneau huppé est menacé de disparition en Europe d’après l’Union internationale de conservation de la nature (UICN).
Saisi par la LPO et One Voice, le Conseil d’État avait pourtant annulé le 6 août 2021 les arrêtés ministériels ayant autorisé les mêmes techniques de piégeage traditionnel des alouettes dans le Sud-Ouest et des Vanneaux huppés et Pluviers dorés dans le département des Ardennes pour les saisons 2018-2019, 2019-2020 et 2020-2021, car ils contrevenaient à la directive Oiseaux de l’Union européenne. Le 15 octobre 2021, plusieurs arrêtés ministériels autorisant à nouveau ces pratiques avaient malgré tout été publiés au Journal officiel sur ordre d’Emmanuel Macron, soucieux de ménager les fédérations de chasseurs à l’approche des élections. La LPO et One Voice avaient immédiatement déposé des recours en référé auprès du Conseil d’état pour demander leur suspension en urgence, obtenue le 25 octobre 2021.
Bien que le Conseil d’État ne se soit pas encore prononcé sur une éventuelle annulation définitive, bien que la France fasse l’objet d’une procédure d’infraction de la part de la Commission européenne et s’expose ainsi à des sanctions financières, bien que le précédent gouvernement ait mis fin à la chasse à la glu en août 2020 dans des conditions semblables, le Ministère fait le choix de la récidive en reprenant des arrêtés qu’il sait illégaux. Pour se justifier, il affirme que les projets d’arrêtés cadre sur les chasses traditionnelles, qui visent à abroger ceux du 17 août 1989, ont fait l’objet d’une refonte intégrale afin de respecter cette fois les exigences de la directive Oiseaux. En décembre 2021, la LPO a attaqué ces arrêtés cadres devant le Conseil d’État auquel le Ministère refuse de répondre depuis plus de sept mois en travaillant plutôt à leur réécriture en compagnie des lobbies cynégétiques.
Une refonte du texte ?
Selon le Ministère : « cette refonte se caractérise par la démonstration de l’absence d’autre solution satisfaisante, par le renforcement de l’encadrement de la chasse, par la création ou le renforcement de mesures de contrôle et de surveillance permettant d’assurer la sélectivité et la prise de faibles quantités, ainsi que l’exploitation judicieuse de cette chasse traditionnelle. »
La motivation sur l’absence de solution alternative a ainsi été vaguement développée et un contrôle en théorie plus strict devrait être mis en place, sans toutefois garantir les moyens de le faire respecter car l’Office français de la biodiversité (OFB) ne dispose pas d’agents en nombre suffisant pour surveiller tous les sites. Et les pièges utilisés ne sont pas plus sélectifs qu’auparavant : la LPO a démontré par le passé que certains passereaux protégés comme des Pinsons des arbres, des Chardonnerets ou des Bruants ortolans étaient mutilés, voire tués.
Nous vous invitons donc à prendre part à ces consultations, avant le 10 août, en cliquant sur les trois premiers liens de cette actu.
l’Alouette des champs, de nouveau menacée par les chasses traditionnelles.
© Alain Fossé