Le Conseil d’État suspend à nouveau le piégeage traditionnel des alouettes

La plus haute juridiction administrative française inflige un énième camouflet au gouvernement qui s’obstine à vouloir autoriser ces pratiques moyenâgeuses et déjà jugées illégales sous la pression des lobbies de la chasse.

Alouette des champs © Philippe Siriot

Deux arrêtés ministériels autorisant la chasse aux pantes (filets horizontaux) et aux matoles (cages tombantes) et fixant les quotas de capture à 106 500 alouettes des champs dans quatre départements (Landes, Gironde, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques) pour la saison 2022-2023 ont été suspendus ce vendredi 21 octobre par une ordonnance du juge des référés du Conseil d’État suite à un recours en urgence de la LPO et One Voice.

Publiés au Journal officiel le 7 octobre dernier, ces arrêtés visaient une nouvelle fois une espèce dont le statut de conservation est défavorable aux niveaux européen et français : l’Alouette des champs en fort déclin a perdu plus de la moitié de ses effectifs européens depuis 1980 et près du quart de sa population française au cours des 20 dernières années.

Le Conseil d’État avait déjà annulé le 6 août 2021 les arrêtés ministériels ayant autorisé les mêmes pratiques pour les saisons 2018-2019, 2019-2020 et 2020-2021, car elles contrevenaient à la directive Oiseaux de l’Union européenne. Le 15 octobre 2021, plusieurs arrêtés ministériels les autorisant à nouveau pour 2021-2022 avaient malgré tout été publiés au Journal officiel, déjà sur ordre d’Emmanuel Macron soucieux de ménager les chasseurs à l’approche des élections présidentielles. Nos associations avaient immédiatement déposé des recours en référé auprès du Conseil d’État pour demander leur suspension en urgence, obtenue le 25 octobre 2021.

Qu’importe que le Conseil d’État ne se soit pas encore prononcé sur une éventuelle annulation définitive, qu’importe que le ministre en charge de la chasse, Christophe Béchu, se soit engagé le 2 août devant l’Assemblée nationale à attendre cette décision avant de signer les arrêtés, qu’importe que la France fasse l’objet d’une procédure d’infraction de la part de la Commission européenne sur ce sujet depuis 2019 : le gouvernement avait fait le choix de la récidive en reprenant des arrêtés qu’il sait illégaux, ce que vient une nouvelle fois de confirmer le Conseil d’État !

Pour tenter de satisfaire les lobbies cynégétiques, Emmanuel Macron impose chaque année la reconduction d’arrêtés déjà jugés illégaux à maintes reprises en sachant pertinemment qu’ils seront suspendus peu après par le Conseil d’État. Ce petit jeu ne trompe même plus les chasseurs. Il est temps que ces récidives consternantes cessent enfin.

Allain Bougrain Dubourg,
président de la LPO

Méprisant la biodiversité, le président Macron offre le piégeage aux chasseurs…

Alouette des champs © Philippe Siriot

Quatre arrêtés ministériels viennent d’autoriser à nouveau la capture létale de plus de 100 000 oiseaux sauvages, déjà jugée illégale à plusieurs reprises par le Conseil d’État et la Commission européenne. La LPO dénonce ce cadeau inacceptable.

Deux duos d’arrêtés ministériels (un arrêté cadre et un arrêté fixant les quotas) autorisant la chasse aux pantes (filets horizontaux) et aux matoles (cages tombantes) de 106 500 alouettes des champs dans quatre départements (Landes, Gironde, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques) pour la saison 2022-2023 ont été publiés au Journal officiel ce 7 octobre.

Ces arrêtés visent une nouvelle fois une espèce dont le statut de conservation est défavorable aux niveaux européen et français : l’Alouette des champs, en fort déclin, a perdu plus de la moitié de ses effectifs européens depuis 1980 et près du quart de sa population française au cours des 20 dernières années.

Saisi par la LPO et One Voice, le Conseil d’État avait pourtant annulé le 6 août 2021 les arrêtés ministériels ayant autorisé les mêmes pratiques pour les saisons 2018-2019, 2019-2020 et 2020-2021, car elles contrevenaient à la directive Oiseaux de l’Union européenne. Le 15 octobre 2021, plusieurs arrêtés ministériels les autorisant à nouveau pour 2021-2022 avaient malgré tout été publiés au Journal officiel, déjà sur ordre d’Emmanuel Macron soucieux de ménager les chasseurs à l’approche des élections présidentielles. La LPO et One Voice avaient immédiatement déposé des recours en référé auprès du Conseil d’État pour demander leur suspension en urgence, obtenue le 25 octobre 2021.

Qu’importe que le Conseil d’État ne se soit pas encore prononcé sur une éventuelle annulation définitive ; qu’importe que le ministre en charge de la chasse, Christophe Béchu, se soit engagé le 2 août devant l’Assemblée nationale à attendre cette décision avant de signer les arrêtés, qu’importe que la France fasse l’objet d’une procédure d’infraction de la part de la Commission européenne sur ce sujet depuis 2019 : le gouvernement fait le choix de la récidive en reprenant des arrêtés qu’il sait illégaux. Et, comme à son habitude, il les publie la veille de leur application afin de laisser tuer des milliers d’oiseaux le temps que le Conseil d’État se prononce sur le recours en référé que la LPO va déposer immédiatement pour demander la suspension de ces arrêtés.

Pourquoi respecter la loi quand il suffit de la modifier ?

Pour se justifier, il affirme que les nouveaux arrêtés cadre sur les chasses traditionnelles, qui viennent abroger ceux du 17 août 1989, ont fait l’objet d’une refonte intégrale afin de respecter cette fois les exigences de la directive Oiseaux. En décembre 2021, la LPO a attaqué les précédents arrêtés cadres devant le Conseil d’État auquel le Ministère refusait de répondre depuis des mois en travaillant plutôt à leur réécriture en compagnie des lobbies cynégétiques.

Selon le Ministère : « cette refonte se caractérise par la démonstration de l’absence d’autre solution satisfaisante, par le renforcement de l’encadrement de la chasse, par la création ou le renforcement de mesures de contrôle et de surveillance permettant d’assurer la sélectivité et la prise de faibles quantités, ainsi que l’exploitation judicieuse de cette chasse traditionnelle. »

Un contrôle théorique car l’Office français de la biodiversité (OFB) ne dispose pas d’agents en nombre suffisant pour surveiller tous les sites. Et les pièges utilisés ne sont pas plus sélectifs qu’auparavant : la LPO a démontré par le passé que certains passereaux protégés comme des pinsons des arbres, des chardonnerets ou des bruants ortolans étaient mutilés voire tués. Quant à l’absence d’autre solution « satisfaisante », les alouettes sont déjà chassées au fusil, les dernières estimations disponibles, qui portent sur la saison 2013-2014, faisant état de près de 180 000 individus tués chaque année. La LPO demande que l’Alouette des champs soit durablement retirée des espèces chassables et protégée compte tenu de l’effondrement très préoccupant de sa population.

Pour Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO :

« Le 26 septembre dernier, le président de la République m’affirmait droit dans les yeux qu’il placerait désormais la protection de la biodiversité dans les priorités de la France, quelques minutes avant de recevoir le président de la Fédération nationale des chasseurs… Sa décision de rétablir des pratiques moyenâgeuses affectant une espèce fragile va à l’encontre de ses prétentions et désavoue son propre ministre qui avait garanti attendre le jugement du Conseil d’État avant toute décision. En outre il invite à la manipulation d’oiseaux sauvages en pleine période de grippe aviaire, ce qui est irresponsable. »

Devenir une sentinelle de la biodiversité

Grenouille agile © Jessica Lafon

Le réseau régional LPO souhaite développer dans les années à venir des indicateurs de l’évolution de la faune vertébrée. À l’instar du STOC EPS pour les oiseaux, qui s’avère être un outil extrêmement robuste pour apprécier les tendances d’évolution, il existe divers protocoles nationaux portant sur d’autres groupes taxinomiques. Actuellement ces protocoles ne sont pas assez largement répandus sur notre territoire pour être exploitables.

Nous souhaitons donc cet automne former des volontaires pour la mise en œuvre de ces protocoles dès l’année prochaine. Ces suivis seront réalisés soit sur des fermes volontaires de notre réseau de paysans locaux, soit sur des sites privés où vous avez accès. L’idée est de former des personnes qui souhaitent s’engager sur le long terme pour réaliser annuellement un ou plusieurs protocoles par site.

Trois temps forts sont donc programmés en octobre :

  • Formation aux protocoles PopAmphibien et PopReptile : samedi 8 octobre, 9 h-12 h, à Bécon-les-Granits. Renseignements et inscription : Édouard Beslot.
  • Formation au protocole Vigie-Chiro(ptère) : mercredi 12 octobre, 9 h 30-12 h 30, à Blaison-Saint-Sulpice. Renseignements et inscription : Camille Gaudin.
  • Formation EPOC (Estimation des populations d’oiseaux communs) : samedi 15 octobre, 9 h 30-12 h, à Angers (local LPO Anjou). Renseignements et inscription : Édouard Beslot.

Télécharger le flyer POP Amphibiens et POP Reptiles ici

Vous aimez les reptiles, vous préférez les amphibiens ou les chauves-souris, vous êtes ornithologue à l’ouïe fine… Il y en a pour tous les goûts ! Ces formations ne s’adressent pas nécessairement à des débutants, sans pour autant devoir être un expert, elles nécessitent un minimum de connaissances.

Les formations comportent deux volets : un technique, présentation de la méthode, des espèces… et un pratique, application sur le terrain.

Merci de réserver auprès des responsables des formations. Attention, nombre limité de places !  La formation sur les chauves-souris est déjà quasi pleine…

Mayenne Nature Environnement recrute un.e chargé.e d’études

Chargé.e d’études Plan de gestion – Botanique – Suivi de travaux H/F

Localisation : Louverné (53)
Contrat : CDD de 12 mois : fin octobre 2022 ou novembre 2022
Expérience : 1 à 3 ans

Contexte de l’annonce et définition de poste :

Mayenne Nature Environnement est une association départementale de protection de la nature créée en 1982, composée de 7 salariés et de 439 adhérents.
Forte de la compétence et de l’engagement de ses salariés, elle œuvre pour protéger la biodiversité en Mayenne par l’intermédiaire de son expertise naturaliste et de ses actions de sensibilisation.
Elle réalise ainsi des diagnostics et inventaires écologiques sur la faune, la flore et les milieux naturels de la Mayenne et participe à la gestion de milieux naturels (zones humides et tourbières, forêts, prairies naturelles et bocage, pelouses sèches, grottes et cavités…), afin d’améliorer la connaissance et d’orienter les mesures de gestion conservatoire.
De plus, l’association se caractérise par une vie associative riche et dynamique ; les adhérents sont vivement invités à participer à la vie démocratique et également à prendre part à ses activités (inventaires, actions de sensibilisation, chantiers nature…).

Description du poste :

Dans le cadre d’un renfort de l’équipe salariée en place, nous recherchons notre nouveau chargé.e d’études. Sa mission principale sera la rédaction de plans de gestion, le suivi de leur mise en place associé au suivi des travaux et de leur évaluation.
Le travail se fera en lien étroit avec le/la chargé.e de mission scientifique référent.e du dossier.
La personne retenue sera également en charge de réaliser des inventaires sur la flore et les habitats dans le cadre de partenariats publics et privés. Ainsi, selon le plan de charge, il/elle pourra être amené.e, selon ses compétences, à participer activement à des missions d’expertise de terrain, de saisie, d’analyse et de restitution des données.
Par ailleurs, le poste comprendra un second volet correspondant à la prise en compte de la biodiversité dans le bâti urbain, en proposant des aménagements favorisant l’accueil de la faune sauvage.
Lieu : Poste basé à Louverné (53), au siège de l’association.

Missions principales :

• Rédaction de plans de gestion.
• Identification des préconisations de gestion et de conservation adaptées aux enjeux.
• Suivi de la mise en œuvre des plans de gestion environnementaux et de leur évaluation.
• Conception et suivi de travaux de restauration de milieux naturels.
• Organisation de chantiers bénévoles sur les différents espaces naturels du territoire.
• Réalisation d’expertises et d’inventaires sur la flore et les habitats.
• Analyse et traitement des données au regard des enjeux de conservation de chaque espèce.
• Élaboration de cartographies d’habitats (référentiels utilisés Corine Biotopes, EUNIS).
• Rédaction d’études floristiques, de rapports de synthèse et de cartographies de restitution.
• Saisie des données sur la base de données du CBNB (e-calluna).

Missions secondaires :

• Réaliser des diagnostics biodiversité pour des logements concernés par les projets de
rénovation.
• Proposer des actions propices à la biodiversité afin d’améliorer l’accueil de la biodiversité sur certains bâtiments jugés favorables, compte tenu de leur structure et de leur localisation.
• Mener des actions de sensibilisation auprès des organismes, maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre et salariés.

Profil recherché :

➢ Critères exigés

• Bac + 3 (licence pro) ou expérience confirmée.
• Expérience dans la rédaction et le suivi de plans de gestion environnementaux.
• Connaissances dans la méthodologie d’évaluation des plans de gestion.
• Très bonnes connaissances naturalistes en flore et habitat et des méthodes d’inventaires.
• Connaissance des milieux naturels et des enjeux qui leur sont liés.
• Connaissance de la réglementation et des statuts de patrimonialité.
• Maîtrise d’un logiciel SIG indispensable (QGIS).
• Utilisation des logiciels courants de bureautique et bases de données.
• Expérience de terrain en gestion des milieux naturels et suivi de travaux.
• Bon relationnel, capacité à travailler en équipe pluridisciplinaire en interne et en lien avec le Conservatoire botanique national de Brest et les réseaux naturalistes.
• Grande capacité d’organisation et d’autonomie, préparation des missions de terrain.
• Esprit associatif.

➢ Critères appréciés

• Connaissances sur les chiroptères.
• Connaissance du milieu agricole.
• Capacité à prendre en charge des sorties naturalistes thématiques organisées pour le grand public et les adhérents.

Conditions particulières :

• Permis B indispensable (déplacements sur le département) et véhicule souhaité.
• Possibilité de travail le week-end et en soirée.

Contrat :

• Début de contrat : fin octobre 2022 ou novembre 2022.
• Contrat à durée déterminée de 12 mois avec possibilité de passage en CDI.
• Temps plein de 35 heures.
• Rémunération brute mensuelle selon la convention collective nationale ECLAT,
Indice 280.

Modalité de recrutement :

• Dossier de candidature (CV et une lettre de motivation) à envoyer au plus tard le 30 septembre 2022 par courrier électronique à j.desre@mne53.fr avec copie à m.perrin@mne53.fr.
• Date des entretiens (pour les candidatures retenues) : 2e semaine d’octobre.

Appel aux photographes !

L’équipe de rédaction du calendrier s’adresse à tous les adhérents pour réaliser ce 13e calendrier. Il nous permet chaque année de soutenir des actions pour la faune sauvage. Les photos doivent être adaptées à un calendrier/cadeau et à l’exigence d’une impression de qualité (conseils techniques ci-dessous).

On se réjouit d’avance de découvrir votre talent de photographe, thème retenu : Faune des villes et villages, oiseaux, mammifères, reptiles, insectes, amphibiens… Photos d’hier et d’aujourd’hui. Par exemple, n’hésitez pas à rechercher dans vos archives les photos du quotidien lors des périodes de confinements, certaines espèces s’étaient montrées, contre toute attente, très présentes dans l’habitat humain. Mais pas que…

  • Proposez vos photos en les envoyant uniquement à l’adresse suivante : contact.calendrier@lpo-anjou.org
  • Date limite de participation : 8 octobre 2022. Un jury se réunira pour le choix des photos.
  • Conditions de participation :
    Les photos sont données sans compensation et seront jointes à la photothèque LPO Anjou. À chaque utilisation la LPO mentionnera les auteurs.
  • Taille minimale des photos pour le calendrier :
    L 328 mm x H 278 mm ou L 3 874 pixels x H 3 283 pixels.
    Résolution : 300 dpi.
  • Si nécessaire, les photos pourront être recadrées.
  • Elles doivent être prises en Maine-et-Loire exclusivement.
  • Notez le lieu de prise de vue et l’espèce sur chaque fichier.
  • Photos prises dans le respect des animaux avant tout.

Appel à bénévoles !

Vous êtes une passionnée, un passionné, de nature et vous aimez partager votre attachement à la biodiversité avec les autres ? Cet appel à bénévoles est fait pour vous !

Deux programmes pédagogiques, accompagnés par un salarié et portés par la LPO Anjou, ont besoin de vous !

  • Drôles d’oiseaux : un programme intergénérationnel qui se déroulera de novembre à juin, dans la ville de Seiches-sur-le-Loir. Rendez-vous le vendredi 7 octobre 2022, à 18 h 30, dans les locaux de la LPO Anjou pour se rencontrer et échanger sur le sujet. Plus d’infos sur ce programme par ici.
  • Crues et biodiversité : une animation en classe, pour parler du fonctionnement de la crue, de l’aménagement des espaces et de la biodiversité des Basses Vallées Angevines. Rendez-vous le samedi 22 octobre 2022, à 14 h, dans les locaux de la LPO Anjou pour découvrir cette animation et votre mission.

Envie de vous engager dans une de ces missions ? Envie d’en savoir plus ? Contactez Théophile par mail : theophile.tusseau@lpo.fr ou par téléphone : 07 67 37 54 09.

Là où passent les faisans, trépassent serpents et lézards

Selon deux chercheurs belges, les lâchers massifs de faisans d’élevage destinés à la chasse contribueraient à la disparition de reptiles et de lézards du site concerné. Pour eux, il faut interdire ces pratiques.

Chaque année, en Belgique, des dizaines de milliers de faisans, mais aussi de perdrix ou de canards, nés et élevés en captivité, sont relâchés dans la nature afin de « reconstituer les stocks de gibier ». En clair, pour servir de cibles aux chasseurs. Combien ? Mystère et boule de gomme : personne ne dispose de chiffres. Mais une évaluation européenne datant de 2018 parlait de 115 000 faisans et près de 94 000 autres volatiles. Sans parler du sort des animaux, certains s’inquiètent de la « pollution génétique » entraînée par cette pratique, de la compétition pour les ressources, de la propagation d’éventuelles maladies, mais aussi de retentissement sur la flore, la végétation et les communautés d’arthropodes (araignées, cloportes, mille-pattes…).

Mais il est un autre effet qu’une étude parue dans le Bulletin scientifique de la Société herpétologique de France vient de mettre en évidence. S’ils font de bonnes cibles, les Faisans de Colchide constituent, avant de trépasser, une nuisance pour les lézards et les serpents dont ils se nourrissent. Après observation de plusieurs centaines de sites, la conclusion des deux chercheurs belges est sans appel : les lézards et les serpents disparaissent des zones où se déroulent des lâchers massifs de faisans.

À l’inverse, indiquent Éric Graitson et Julien Taymans, biologiste et bioingénieur, tous deux membres de Natagora, lorsque ces derniers cessent, on assiste au retour d’une espèce de lézard commun après « quelques années ».

On savait déjà que l’Orvet fragile, la Coronelle lisse (en Flandre) et le Lézard ocellé (à Porquerolles) ont décliné à cause des faisans. Mais les preuves formelles du lien entre les oiseaux et la prédation restaient encore à accumuler, les herpétologistes ayant tendance à chercher batraciens et reptiles là où ils ont le plus de chance d’en trouver. Or, là où les faisans déboulent en masse par la « grâce » des lâchers, les reptiles s’évanouissent.

Sur les six sites soumis à des lâchers massifs qu’ont étudiés les deux chercheurs dans le Hainaut et en Brabant wallon, nul reptile n’a été croisé. Même l’Orvet fragile, « le plus répandu en Wallonie » avec parfois plusieurs centaines d’individus à l’hectare (ce qui facilite sa détection), est absent à l’appel. « Interpellant », indiquent les chercheurs. Interpellant aussi, ajoute Jean-Yves Paquet, directeur du service d’études de Natagora : le « nettoyage de rapaces » qui accompagne certains lâchers de faisans peu préparés à se prémunir contre des attaques de prédateurs. À l’occasion de lâchers, « on trouve parfois dans le coin des rapaces empoisonnés. Difficile d’y voir une coïncidence. », indique J.-Y. Paquet.

Ceux-ci subodorent que la disparition d’une population de Vipères péliades d’un site situé à Houyet Beauraing soit due aux abondants faisans. Et les constats posés sont sans doute en deçà de la réalité. La plupart des lâchers de volatiles d’élevage ont lieu dans les plaines agricoles, des sites non étudiés dans la recherche. Et les deux chercheurs de conclure : « Au vu de ces impacts sur la biodiversité, la pratique des lâchers de faisans dans la nature devrait être interdite » comme elle l’est aux Pays-Bas et en Flandre.

Source : Journal Le Soir – Michel De Muelenaere.

Arrêt de la chasse au Grand Tétras : soutenez le projet

Par une décision du 1er juin 2022, le Conseil d’État a enjoint le ministre chargé de la chasse de prendre, avant le 15 juillet 2022, un arrêté suspendant la chasse du Grand Tétras en France pour une durée de cinq ans. Cette décision a été prise eu égard à la gravité de la situation de cette espèce, en mauvais état de conservation, afin de respecter les obligations qui découlent des objectifs de la directive Oiseaux de l’Union européenne concernant la conservation des oiseaux sauvages.

La chasse du Grand Tétras n’est pas compatible avec le maintien de l’espèce et le Conseil d’État a donc jugé nécessaire de l’interdire pendant une durée suffisante, afin de permettre la reconstitution des populations de l’espèce dans les différents sites de son aire de distribution. Ce galliforme, emblématique des forêts de montagne, éteint dans les Alpes françaises, est très fortement menacé dans le Jura et les Vosges et a perdu 80 % de ses effectifs depuis 1960 dans les Pyrénées, où subsistent à peine environ 2 000 coqs.

Une consultation publique est ouverte sur le site du ministère jusqu’au 10 août 2022. Nous vous invitons à soutenir le projet de moratoire proposé, réclamé depuis longtemps par les associations de protection de la nature.

Le Conseil d’État précise qu’« une telle mesure pourra, le cas échéant, être abrogée avant son terme si de nouvelles données rendent compte d’une évolution suffisamment favorable de l’état de conservation du Grand Tétras. » Cette mention paraît toutefois superflue car les principales causes du déclin de l’espèce qui sont la création et l’extension des domaines skiables, le dérangement touristique estival (randonnée, VTT) comme hivernal (ski, raquettes), le braconnage à but taxidermique, le réchauffement climatique et le développement de l’exploitation forestière, ne semblent pas près de disparaître, à l’inverse du Grand Tétras.

Ce couple de Grand Tétras échappera-t-il aux coups de fusil ?
Soutenez le projet d’arrêté soumis à consultation.
© Émile Barbelette

Chasses traditionnelles : nouvelles consultations publiques

Jusqu’au 10 août, le ministère de la Transition écologique soumet à la consultation du public deux projets d’arrêtés autorisant la chasse aux pantes (filets horizontaux) et aux matoles (cages tombantes) de 106 500 Alouettes des champs dans quatre départements (Landes, Gironde, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques) pour la saison 2022-2023. Un troisième projet d’arrêté, également en consultation, autorise la tenderie (chasse à l’aide de filets) de 1 200 Vanneaux huppés et de 30 Pluviers dorés dans le département des Ardennes.

Ces arrêtés visent une nouvelle fois des espèces dont les statuts de conservation sont défavorables aux niveaux européen et français : l’Alouette des champs est en fort déclin et a perdu plus de la moitié de ses effectifs européens depuis 1980 et près du quart de sa population française au cours des 20 dernières années, tandis que le Vanneau huppé est menacé de disparition en Europe d’après l’Union internationale de conservation de la nature (UICN).

Saisi par la LPO et One Voice, le Conseil d’État avait pourtant annulé le 6 août 2021 les arrêtés ministériels ayant autorisé les mêmes techniques de piégeage traditionnel des alouettes dans le Sud-Ouest et des Vanneaux huppés et Pluviers dorés dans le département des Ardennes pour les saisons 2018-2019, 2019-2020 et 2020-2021, car ils contrevenaient à la directive Oiseaux de l’Union européenne. Le 15 octobre 2021, plusieurs arrêtés ministériels autorisant à nouveau ces pratiques avaient malgré tout été publiés au Journal officiel sur ordre d’Emmanuel Macron, soucieux de ménager les fédérations de chasseurs à l’approche des élections. La LPO et One Voice avaient immédiatement déposé des recours en référé auprès du Conseil d’état pour demander leur suspension en urgence, obtenue le 25 octobre 2021.

Bien que le Conseil d’État ne se soit pas encore prononcé sur une éventuelle annulation définitive, bien que la France fasse l’objet d’une procédure d’infraction de la part de la Commission européenne et s’expose ainsi à des sanctions financières, bien que le précédent gouvernement ait mis fin à la chasse à la glu en août 2020 dans des conditions semblables, le Ministère fait le choix de la récidive en reprenant des arrêtés qu’il sait illégaux. Pour se justifier, il affirme que les projets d’arrêtés cadre sur les chasses traditionnelles, qui visent à abroger ceux du 17 août 1989, ont fait l’objet d’une refonte intégrale afin de respecter cette fois les exigences de la directive Oiseaux. En décembre 2021, la LPO a attaqué ces arrêtés cadres devant le Conseil d’État auquel le Ministère refuse de répondre depuis plus de sept mois en travaillant plutôt à leur réécriture en compagnie des lobbies cynégétiques.

Une refonte du texte ?

Selon le Ministère : « cette refonte se caractérise par la démonstration de l’absence d’autre solution satisfaisante, par le renforcement de l’encadrement de la chasse, par la création ou le renforcement de mesures de contrôle et de surveillance permettant d’assurer la sélectivité et la prise de faibles quantités, ainsi que l’exploitation judicieuse de cette chasse traditionnelle. »

La motivation sur l’absence de solution alternative a ainsi été vaguement développée et un contrôle en théorie plus strict devrait être mis en place, sans toutefois garantir les moyens de le faire respecter car l’Office français de la biodiversité (OFB) ne dispose pas d’agents en nombre suffisant pour surveiller tous les sites. Et les pièges utilisés ne sont pas plus sélectifs qu’auparavant : la LPO a démontré par le passé que certains passereaux protégés comme des Pinsons des arbres, des Chardonnerets ou des Bruants ortolans étaient mutilés, voire tués.

Nous vous invitons donc à prendre part à ces consultations, avant le 10 août, en cliquant sur les trois premiers liens de cette actu.

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l’Alouette des champs, de nouveau menacée par les chasses traditionnelles.
© Alain Fossé

Opération spéciale pour les Grands Rhinolophes

Le 19 juillet, une partie de léquipe chiroptères de la LPO Anjou a participé à une opération de transpondage de Grands Rhinolophes, une des 21 espèces angevines de chauves-souris.
 
Cest dans le cadre du programme scientifique sur les chiroptères cavernicoles de Nouvelle-Aquitaine, coordonné par Nature Environnement 17 (Charente-Maritime), que cette opération a pu avoir lieu.
 
Elle nous permet détudier les échanges entre populations, comprendre les mouvements entre les sites dhibernation et de mise-bas, leur patrimoine génétique ou encore leur épidémiologie ! Tout cela a pour but de protéger le mieux possible cette espèce.
 
Attention ! Cette opération a été réalisée par des professionnels habilités et tout est fait pour minimiser le stress induit aux animaux. Les chauves-souris sont protégées par la loi et il est interdit de les manipuler sans permis.?